Dieudonné a donné lundi soir à Nyon (VD) la première des dix représentations de son spectacle "Asu Zoa". Une salle comble s'est levée pour l'ovationner à l'issue d'une heure vingt de show. Si les quenelles ont fusé, les remarques sur les sujets sensibles étaient pour ainsi dire absentes.
Devant un public chauffé à blanc, Dieudonné a arraché des rires et des applaudissements à chaque remarque ou presque. Ses déboires avec les autorités françaises ont largement nourri ses attaques: le président François Hollande et le ministre Manuel Valls ont en pris pour leur grade, hués à leur tour par les spectateurs.
Mis en cause pour son antisémitisme, Dieudonné s'en est pris également à la CICAD (Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation). Il a réservé une quenelle appuyée à l'association qui tenait un stand d'information devant le théâtre. La Licra (Ligue contre le racisme et l'antisémitisme) a eu droit au même traitement.
Le geste de la quenelle reste très controversé. Pour les uns, c'est un bras d'honneur revisité contre "le système", alors que les adversaires de Dieudonné affirment qu'il s'agit d'une attitude antisémite, en référence au salut hitlérien.
Pour illustrer sans doute sa thèse: "les racistes ne sont pas ceux que l'on croit", Dieudonné a utilisé l'exemple du coureur noir américain Jesse Owens qui a gagné toutes les médailles lors des Jeux Olympiques dans le Berlin de Hitler. Quand on lui a demandé s'il avait subi le racisme des nazis, l'athlète a répondu, selon le polémiste, qu'il en avait été davantage victime dans son pays, les Etats-Unis.
Après 80 minutes, Dieudonné a salué le public debout, n'a accordé aucun rappel. Les spectateurs pour la deuxième représentation de la soirée attendaient déjà devant les portes. Le même rythme est prévu jusqu'à mercredi avant deux jours en mars, dans une salle de 460 places, avec des billets qui atteignent des centaines de francs au marché noir sur internet.
Contrairement au Conseil d'Etat français qui a interdit le spectacle "Le Mur", la ville de Nyon a accepté "Asu Zoa" (une version édulcorée du Mur), mais l'a enregistré et délégué sur place des témoins-garants. Si des paroles violant la norme contre la discrimination raciale devaient être tenues à Nyon, elles seront dénoncées, a averti la municipalité.