Le gouvernement bernois prévoit de supprimer le grec et le russe dans les gymnases du canton. Les économies attendues sont relativement modestes, inversement à l'indignation au sein du corps enseignant.
Les lycéens qui optent aujourd'hui pour le grec lisent en langue originale l'enlèvement d'Europe, les vertus selon Platon ou l'histoire des débuts du christianisme. Dans le canton de Berne, cela appartient peut-être bientôt au passé.
Le gouvernement doit économiser de 400 à 450 millions de francs. Pour y arriver, il a ficelé un paquet de mesures qui comprend notamment la suppression du grec et du russe comme branches principales au gymnase. Les économies prévues sont de 400'000 francs par an.
Sur le dos des doués
Dans une lettre au Conseil d'Etat bernois, les enseignants des langues anciennes qualifient la mesure de disproportionnée financièrement et de honteuse du point de vue de la politique de la formation. Berne serait le premier canton universitaire à abandonner le grec, l'une des branches les plus traditionnelles au lycée.
"Niet" fatal
En comparaison, le russe est une jeune branche de maturité. Mais là aussi, le corps enseignant se dit préoccupé et évoque des conséquences fatales. Le russe n'est pas qu'une langue culturelle et littéraire importante, il a aussi un poids économique, estime Thomas Schmidt, président de l'Association des enseignants de russe en Suisse.
Dans les années 1990, le canton de Berne faisait office de pionnier en introduisant la langue de Tolstoï au lycée, rappelle M.Schmidt. Aujourd'hui, le russe n'est plus enseigné en branche principale qu'à Berne, dans cinq gymnases zurichois ainsi qu'à Coire, Münchenstein (BL) et Trogen (AR).
A peine 30 élèves choisissent le russe chaque année dans le canton, cinq le grec. La comparaison avec d'autres cantons est frappante: en 2012/2013, Berne comptait 18 élèves en grec, contre 131 à Fribourg, 152 à Zurich et 206 à Genève.
Le fin mot au Grand Conseil
Il appartient désormais au Parlement cantonal de se pencher sur les mesures d'économies prévues par l'examen des offres et des structures (EOS 2014). L'expérience montre toutefois qu'il est difficile d'éviter des mesures mineures telles que l'est la suppression du grec et du russe au lycée.