Le Musée des Grenouilles d'Estavayer-le-Lac (FR) étend par-delà les frontières la réputation de ses hôtes insolites. Une vingtaine de ses 108 batraciens empaillés et mis en scènes dans des poses pittoresques prennent le large cet été jusqu'en Autriche pour une expo.
Une tablée de grenouilles jouant aux dominos, un spécimen chevauchant un écureuil, et des batraciens sur des bancs d'école: ces trois scènes seront acheminées sous haute surveillance d'ici à début août de la rive sud du Lac de Neuchâtel jusqu'à Innsbruck. Tout ce petit monde réintégrera ses quartiers suisses fin décembre.
L'Université d'Innsbruck a souhaité intégrer dans l'exposition "Gegenwelten" (Mondes à part, mondes alternatifs) certaines des grenouilles naturalisées abritées par le musée. Celui-ci sera cité dans une publication scientifique à paraître en 2014 dans le cadre d'un projet global mené par plusieurs universités européennes.
Les diverses grenouilles visibles toute l'année à Estavayer - chez le barbier, chez le notaire ou dégustant des spaghetti - ont été créées par le Staviacois François Perrier au 19e siècle. Elles témoignent de l'art populaire de cette époque, doublé d'un élan pour la taxidermie et d'un goût pour la pratique consistant à mettre toutes sortes d'animaux dans des positions anthropomorphiques.
"Il était logique d'accepter ce prêt puisqu'il accroît le rayonnement du Musée des Grenouilles", a dit à l'ats son administrateur Denis Monnerat. Ces mascottes de la région attirent déjà annuellement près de 7000 visiteurs d'une quarantaine de pays, de l'Europe au Japon en passant par l'Amérique du Nord.
Attention: fragile
Une telle expédition requiert de grandes précautions, car les grenouilles sont d'une fragilité extrême: seules des mains expertes et gantées peuvent les toucher. Le sable qui les remplit n'est retenu que par une fine épaisseur de peau. Et même un emballage en papier de soie risque d'accrocher les petites pattes des batraciens.