Le soldat américain Bradley Manning, reconnu coupable de la plus importante fuite de documents secrets de l'histoire des Etats-Unis via WikiLeaks, a été condamné mercredi à 35 ans de prison par une cour martiale à Fort Meade. Il a également été renvoyé de l'armée pour "déshonneur".
Bradley Manning, 25 ans, va être en outre dégradé au rang de soldat de deuxième classe. Alors qu'il était passible de 90 ans de réclusion, l'accusation avait requis une peine de 60 ans. Après l'énoncé du verdict, l'avocat du soldat a fait savoir qu'il déposerait un appel en grâce auprès du président Barack Obama, pour implorer sa clémence.
Cette peine met un point final à un procès fleuve, ouvert le 3 juin après plus d'un an d'audiences préliminaires.
Coupable de 20 chefs d'inculpation
La magistrate et colonel Denise Lind avait déclaré coupable Bradley Manning en juillet de 20 chefs d'inculpation, dont ceux d'espionnage, de vol d'informations et de fraude informatique. La juge militaire avait écarté celui d'"intelligence avec l'ennemi", crime passible de la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.
Cette peine sera réduite du temps déjà passé derrière les barreaux depuis son arrestation en juin 2010, soit 1294 jours. Bradley Manning pourra toutefois demander à bénéficier d'une libération conditionnelle pour bonne conduite après avoir purgé un tiers de sa peine.
Amnesty International exige sa libération immédiate. "Bradley Manning a agi avec la conviction qu’il pouvait provoquer un véritable débat public sur le coût de la guerre, et plus particulièrement sur le comportement de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan", souligne l'organisation dans un communiqué.
Pour le site Internet WikiLeaks, la peine dont écope Bradley Manning représente une "victoire stratégique", car il aura le droit de demander une libération conditionnelle dans moins de neuf ans.
En 2010, Bradley Manning, qui était alors analyste des services de renseignements en poste à Bagdad, avait transmis plus de 700'000 dossiers classés, vidéos de combat et télégrammes diplomatiques confidentiels au site WikiLeaks, propulsant cette organisation et son fondateur, Julian Assange, sous les feux de l'actualité.