Deux jeunes femmes membres du groupe punk russe Pussy Riot sont sorties de prison lundi après avoir été amnistiées. Dès leur remise en liberté, elles ont montré qu'elles n'ont rien perdu de leur esprit de contestation, en critiquant le président russe Vladimir Poutine.
"La Russie sans Poutine", a crié Nadejda Tolokonnikova après sa sortie de prison. Maria Alekhina, libérée quelques heures auparavant, a qualifié d'"opération de communication" l'amnistie ayant permis sa libération anticipée, et dit qu'elle continuerait à s'opposer au président russe.
Toutes deux avaient été condamnées à deux ans de camp en mars 2012 pour "hooliganisme" après avoir chanté une "prière punk" contre le président Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou.
Ekaterina Samoutsevitch, troisième membre des Pussy Riot, avait obtenu une libération anticipée en octobre 2012. Sa peine avait été commuée en sursis au motif qu'elle avait été interceptée par les gardes de la cathédrale avant d'avoir pu prendre part à la performance.
Accueillie par une meute de journalistes, Nadejda Tolokonnikova, qui avait effectué plusieurs grèves de la faim pour dénoncer ses conditions de détention, est apparue amaigrie.
Elle a fustigé le système pénitentiaire et estimé qu'il était un reflet du pays tout entier. "La Russie est construite sur le modèle d'une colonie pénitentiaire et c'est la raison pour laquelle il est si important de changer les colonies pour changer la Russie de l'intérieur", a-t-elle dit, selon des images retransmises à la télévision.
"Les camps sont le visage du pays", a ajouté Mme Tolokonnikova, qui considère que le temps passé en détention n'a pas été "du temps perdu". Elle estime avoir grandi grâce à cette expérience. "J'ai vu cette petite machine totalitaire de l'intérieur", a-t-elle déclaré.
De son côté, Maria Alekhina, visiblement en bonne forme, a fustigé la loi d'amnistie qui a permis sa libération. Le texte prévoit d'amnistier entre autres les personnes condamnées pour "hooliganisme" et les mères d'enfants mineurs.
"Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un geste d'humanisme, mais plutôt d'une opération de communication", à la veille des Jeux olympiques de Sotchi, a asséné la jeune femme, mère d'un petit garçon.