L'Union africaine (UA) a décidé que le président kényan Uhuru Kenyatta ne devrait pas se rendre devant la Cour pénale internationale (CPI) tant que la requête d'ajournement n'a pas reçu de réponse, a annoncé samedi le chef de la diplomatie éthiopienne. Son procès doit s'ouvrir le 12 novembre à La Haye.
"Ce dirigeant élu devrait gouverner son pays", a déclaré à la presse le ministre éthiopien des Affaires étrangères Tedros Adhanom Gebreyesus. Par conséquent, "le Sommet (de l'UA) a décidé que le président Kenyatta ne devrait pas comparaître, tant que nos requêtes n'ont pas reçu de réponse", a-t-il ajouté.
L'organisation a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU un ajournement des poursuites en cours à La Haye contre les dirigeants en exercice.
L'UA était notamment réunie à Addis Abeba pour examiner ses liens avec la CPI. Cet examen avait été réclamé par le Kenya, dont le président Uhuru Kenyatta et le vice-président William Ruto sont poursuivis pour crimes contre l'humanité par la CPI.
"Chasse raciale"
La Cour pénale internationale "n'est plus le lieu de la justice, mais le jouet des pouvoirs impérialistes en déclin", a accusé le président kényan Uhuru Kenyatta lors d'un discours.
"Cette Cour agit sur demande des gouvernements européens et américain, contre la souveraineté des Etats et peuples africains. (...) Des gens ont qualifié cette situation de 'chasse raciale', j'ai de grandes difficultés à être en désaccord", a-t-il ajouté, selon le texte officiel de son discours.
"Américains et Britanniques n'ont pas à s'inquiéter d'être tenus responsables pour des crimes internationaux. Bien que certaines normes de droit international semblent absolues, cela ne s'applique qu'aux Etats non occidentaux", a poursuivi M. Kenyatta.
"Nous voulons voir la CPI équitable et impartiale à travers le monde, mais que pouvons-nous faire quand tout le monde sauf l'Afrique semble exempt de rendre des comptes", a-t-il martelé.