Un ancien dirigeant des Serbes de Bosnie, Momcilo Krajisnik, a été accueilli vendredi soir en héros par plusieurs milliers de ses partisans à Pale. Il est arrivé dans son fief après sa remise en liberté, après avoir purgé deux tiers d'une peine de 20 ans de prison pour crimes de guerre.
Souriant, vêtu d'un costume sombre, il a invité ses compatriotes à entamer un processus de réconciliation avec leurs anciens ennemis musulmans et croates de la guerre intercommunautaire (1992-95). "Nous ne devons pas porter la haine dans nos âmes. Seuls les vaincus ressentent de la haine et le désir de vengeance", a-t-il lancé à la foule.
Cette cérémonie d'accueil a été organisée à Pale, fief des Serbes de Bosnie pendant la guerre intercommunautaire (1992-05), près de Sarajevo.
"Tendons la main à tous ceux qui souhaitent la réconciliation. Nous devons tous pardonner ceux qui nous ont fait du mal et prier ceux à qui nous avons fait du mal de nous pardonner", a ajouté M. Krajisnik. Momcilo Krajisnik avait été arrêté en avril 2000 à Pale lors d'une opération des forces internationales, sous le coup d'une inculpation secrète du TPIY.
Dans le procès de première instance, qui se déroulait devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), il avait été condamné à 27 ans de prison et acquitté de génocide. Cette sentence a été réduite à 20 ans en appel, en mars 2009, et M. Krajisnik a été finalement reconnu coupable "d'expulsion, transfert forcé et persécution de civils non serbes de Bosnie".
Selon le Parquet du TPIY, Momcilo Krajisnik était le bras droit du chef politique des Serbes de Bosnie pendant le guerre, Radovan Karadzic, qui est actuellement jugé notamment pour génocide devant la même cour internationale.
Krajisnik et Karadzic formaient le "noyau dur du leadership serbe" ayant planifié le nettoyage ethnique durant la guerre en Bosnie qui a fait quelque 100'000 morts et 2,2 millions de déplacés, selon l'accusation.