Les secouristes turcs ont évacué samedi les corps des dernières victimes de la catastrophe minière de Soma, portant son bilan définitif officiel à 301 tués. Cette mesure est intervenue sur fond de violentes critiques contre le régime du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
Au terme de quatre jours d'opérations rendues difficiles par les incendies et la présence de gaz toxique, les dépouilles des deux "gueules noires" encore bloquées sous terre ont été remontées à la surface par des sauveteurs et les mineurs, qui ont dans la foulée commencé à déserter les abords du puits dévasté.
L'accident de mardi, le plus meurtrier de l'histoire minière de la Turquie, a déclenché une vague d'indignation contre l'entreprise Soma Kömür Isletmeleri, accusée d'avoir privilégié la rentabilité au détriment de la sécurité de ses salariés, et relancé la colère contre le régime islamo-conservateur, soupçonné d'avoir couvert cette course au profit.
Vendredi, les forces de l'ordre ont violemment dispersé, à grand renfort de gaz lacrymogènes et de canons à eau, 10'000 personnes qui s'étaient rassemblées à Soma pour exiger la démission du gouvernement de M. Erdogan.
Vingt-quatre heures après ces violents incidents, la situation était toujours tendue dans cette ville de l'ouest de la Turquie, quadrillée par d'importants effectifs de police.
Et selon l'Association des avocats, au moins 36 personnes, dont huit avocats, ont été interpellées samedi pour avoir tenté de faire une déclaration publique, en violation d'un ordre du gouverneur interdisant tout rassemblement.
Même s'il a promis de faire "toute la lumière" sur ses causes, M. Erdogan a d'ores et déjà balayé d'un revers de main toutes les accusations de négligence. "Les accidents sont dans la nature même des mines", a-t-il plaidé.
Dans son édition de samedi, un quotidien turc affirmait qu'un rapport préliminaire sur les causes de la catastrophe a pointé du doigt l'absence de détecteurs de monoxyde de carbone dans la mine.