Le religieux modéré Hassan Rohani a créé la surprise en remportant dès le premier tour la présidentielle iranienne avec 50,68% des voix. Cette victoire marque le retour des modérés et réformateurs au gouvernement après une longue traversée du désert.
Le nouveau président a largement devancé les trois principaux candidats conservateurs: le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf (16,5%), l'actuel chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili (11,35%) et l'ex-chef des Gardiens de la révolution Mohsen Rezaï (10,58%).
Immédiatement après l'annonce des résultats officiels, plusieurs milliers d'Iraniens sont descendus dans les rues de la capitale pour fêter la victoire. Une foule en liesse s'est aussi rassemblée en d'autres endroits du pays.
"Vive la réforme, vive la réforme", ont scandé ses partisans. "Bye bye Ahmadi", ont-ils aussi repris en allusion au président sortant Mahmoud Ahmadinejad. Certains ont effectué le V de la victoire et ont scandé des slogans en faveur de Mirhossein Moussavi, candidat du camp réformateur en 2009 qui, selon ses partisans, a été volé de sa victoire par des fraudes en faveur de M. Ahmadinejad.
"Victoire de la modération"
"Cette victoire est une victoire de la sagesse, une victoire de la modération, une victoire de la croissance et de la conscience et une victoire de l'engagement sur l'extrémisme et les mauvais esprits", a déclaré M. Rohani. Il a été félicité par les autres candidats et par le Guide suprême Ali Khamenei qui a affirmé que "tout le monde devait aider le nouveau président et son gouvernement".
Hassan Rohani a fait état d'une donne nouvelle "sur la scène internationale" pour "ceux qui respectent véritablement la démocratie, la coopération et la libre négociation". Réagissant à son élection, les Etats-Unis se sont dit prêts à "nouer une relation directe avec les autorités iraniennes pour parvenir à une solution diplomatique à la crise liée au programme nucléaire de l'Iran".
Israël a de son côté minimisé le rôle du nouveau président iranien, soulignant que c'est le Guide suprême qui décide de la politique nucléaire iranienne.
Continuité
Hassan Rohani, un ancien négociateur sur le programme nucléaire, a bénéficié cette semaine du désistement du candidat réformateur Mohammad Reza Aref. Il a aussi reçu le soutien des anciens présidents Mohammad Khatami et Akbar Hachemi Rafsanjani.
S'il apparaît à ce titre comme le candidat le moins conservateur, il n'en est pas moins un pur produit de la théocratie iranienne.