Le Premier ministre irakien a creusé les divisions qui minent le pays en accusant les Kurdes d'abriter des jihadistes. Il ignore les appels à l'unité pour faire face à l'offensive d'insurgés qui a précipité l'Irak au bord du gouffre, alors que 53 hommes tués par balles ont été découverts mercredi.
Un mois jour pour jour après le lancement d'une offensive fulgurante qui a vu les insurgés sunnites s'emparer de pans entiers du territoire, les politiciens irakiens sont incapables de faire front commun. Des centaines de milliers d'Irakiens ont fui et l'Etat islamique (EI) a établi un califat sur une zone à cheval entre la Syrie et l'Irak.
Miné par les divisions, l'Irak subit un blocage politique depuis des années, cumulé à une montée des violences depuis plus d'un an. Celles-ci ont culminé avec l'offensive insurgée menée par les jihadistes ultraradicaux de l'EI, poussant la communauté internationale et des dirigeants religieux irakiens à multiplier les appels à l'unité.
Mais la partition du pays devient une option plus probable, notamment après l'annonce par le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, d'un projet de référendum d'indépendance.
M. Al-Maliki a fustigé l'initiative et surenchéri mercredi en déclarant qu'il ne pouvait "pas rester silencieux devant le fait qu'Erbil (la capitale du Kurdistan irakien) est devenue un quartier général pour l'Etat islamique, pour le parti Baas (l'ancien parti de Saddam Hussein, NDLR), pour Al-Qaïda et pour des opérations terroristes".
Les insurgés "vont être défaits, de même que leurs hôtes parce qu'ils ont échoué à fournir un exemple de partenariat démocratique", a-t-il mis en garde. Ses déclarations ne faciliteront pas la tâche du Parlement, qui doit se réunir dimanche pour enclencher le processus de constitution d'un gouvernement après une première séance stérile levée dans le désordre et les insultes.
Mais les divisions confessionnelles sont toujours plus profondes, et font craindre un retour aux atrocités commises lors du conflit confessionnel qui a fait des dizaines de milliers de morts en 2006-2007.
La découverte mercredi des corps de 53 hommes, ligotés et exécutés dans le centre du pays, a ajouté à cette crainte. Selon un employé de la morgue, les décès remontent à au moins une semaine.