Enrico Letta chargé de former le nouveau gouvernement italien
Le président italien, Giorgio Napolitano, a chargé mercredi Enrico Letta, le numéro deux du Parti démocrate (PD, gauche), de former un nouveau gouvernement. Il aura la lourde tâche d'allier gauche et droite pour mettre fin à la crise politique dans laquelle la Péninsule est empêtrée depuis deux mois."Cela fait 60 jours que le pays attend un gouvernement. C'est une situation très difficile, fragile, inédite, qui ne peut pas durer", a déclaré M. Letta, 46 ans, à la sortie de son entretien avec le président Giorgio Napolitano qui lui a confié cette tâche.Selon la Constitution italienne, M. Letta doit maintenant procéder à des consultations avec les forces politiques - à partir de ce jeudi, a-t-il promis - avant d'être nommé formellement chef de gouvernement. L'exécutif pourrait être formé d'ici la fin de la semaine, le tout sous l'égide de Giorgio Napolitano."Satisfaction et sérénité"Ce dernier, réélu samedi à la demande générale des grands partis politiques, a exprimé sa "satisfaction et sérénité". Je suis confiant: M. Letta parviendra à former un gouvernement qui obtiendra, enfin, la majorité dans les deux Chambres du Parlement.M. Letta a d'ores et déjà appelé "toutes les forces politiques" à lui apporter leur appui, énumérant les réformes qu'il compte mener en priorité: emploi, soutien aux petites entreprises, réduction du nombre de parlementaires, suppression des provinces, réforme de la loi électorale.Le futur président du Conseil a en outre jugé "impardonnable" que le Parlement ne se soit pas attelé à ces réformes. Cette situation a alimenté l'hostilité viscérale à l'encontre des partis traditionnels et explique en partie le succès de l'ex-comique Beppe Grillo, a-t-il estimé.Enrico Letta est le neveu de Gianni Letta, l'homme de confiance de Silvio Berlusconi, ce qui pourrait faciliter les passerelles entre les grandes formations politiques, même s'il n'a jamais ménagé ses critiques contre le Cavaliere.Politique européenneSes positions pro-européennes devraient également lui attirer les faveurs des gouvernements étrangers et la constitution prochaine d'un gouvernement devrait en outre signaler aux marchés que l'Italie est prête à s'atteler aux réformes après s'être enfoncée dans la récession.Des positions qui ne l'empêcheront pas de procéder à des changements sur le plan international: M. Letta a en effet promis un changement de direction dans les politiques européennes. L'UE s'est trop concentrée sur les politiques d'austérité, il faut davantage promouvoir la croissance économique, a-t-il estimé. "Les politiques d'austérité ne suffisent plus".Le chef du gouvernement sortant Mario Monti s'est "réjoui" de cette nomination, se disant certain que M. Letta "réussira à consolider la crédibilité de l'Italie au niveau international, de même que le rôle" de son pays dans la définition des "choix stratégiques de l'Union européenne".Nouvelle générationÂgé lui-même de bientôt 88 ans, M. Napolitano a insisté sur le fait que M. Letta incarne une nouvelle génération. Il figurera en effet parmi les plus jeunes dirigeants de l'Union européenne et il devrait devenir le deuxième plus jeune président du Conseil de l'histoire italienne. Il a par ailleurs été au nouveau Parlement.M. Letta, arrivé au volant de sa propre voiture - créant ainsi la stupéfaction à Rome - s'est déclaré à plusieurs reprises conscient de "l'immense responsabilité" qui lui incombe. Il devra mener un gouvernement alliant forces de droite et de gauche et de profondes divergences demeurent sur les choix de politique économique.Soutiens et oppositionsLe Peuple de la Liberté (PDL) de Silvio Berlusconi a fait savoir, de même que les centristes de Mario Monti, qu'il soutiendrait le futur gouvernement. La Ligue du Nord, ex-alliée de Berlusconi, y sera hostile, tandis que le Mouvement 5 Etoiles (M5S) a promis une "opposition constructive".Selon les experts de la banque Barclays, la nomination de M. Letta "devrait être accueillie positivement par les marchés". Mercredi en fin d'après-midi, la Bourse était en hausse de 0,4%. /SERVICE