Les opérations de recherche des corps des migrants victimes d'un naufrage au large de l'île de Lampedusa ont repris dimanche. "Il y a trois équipes qui travaillent lors de roulements de deux heures", a expliqué Leonardo Ricci de la police douanière.
Les autorités avaient interrompu vendredi la récupération des corps, dont 111 ont été retrouvés, à cause des conditions météorologiques. Parti des côtes libyennes, le bateau où s'entassaient entre 480 et 520 Somaliens et Erythréens a pris feu, puis coulé jeudi à l'aube.
Seuls 155 passagers ont été sauvés et les autorités redoutent un bilan de 300 à 360 morts. Les corps se trouvent autour et dans l'épave de l'embarcation, qui repose à 47 mètres de profondeur à moins d'un kilomètre du rivage.
Les survivants sont hébergés dans un centre d'accueil des migrants à Lampedusa. L'endroit est surchargé: un millier d'individus s'entassent dans des lieux équipés pour recevoir 250 personnes.
Capacités d'accueil triplées
"C'est indécent", a commenté Tommaso Curro, député italien du Mouvement 5 étoiles. "Cette surpopulation est inhumaine", selon Gea Planeta Schiro, du parti centriste Choix civique, "Il y a une seule salle de bain pour plus de cent femmes et elles n'ont pas de savon pour laver leurs vêtements."
La ministre de l'Intégration Cécile Kyenge a annoncé dans le "Corriere della Sera" que l'Italie allait tripler les places destinées à l'accueil de réfugiés, passant de 8000 à 24'000 places.
Elle préconise de changer la procédure en Italie. Depuis une loi adoptée par un gouvernement Berlusconi, la législation considère tous les migrants comme des "suspects" d'immigration clandestine et sanctionne les particuliers qui leur viennent en aide.
Porte de l'Europe
Lampedusa, petite île entre la Sicile, la Tunisie et la Libye est devenue au fil des ans une des portes d'entrée de l'Europe pour les migrants africains à la recherche d'une vie meilleure. Les naufrages meurtriers sont fréquents.
Rome a obtenu que la question de l'immigration figure à l'ordre du jour de la réunion des ministres de l'intérieur de l'Union Européenne, prévue mardi à Luxembourg. Avec d'autres pays du sud de l'Europe, comme la Grèce et l'Espagne, l'Italie estime assumer un fardeau trop lourd.