Un juge espagnol a décidé mercredi de maintenir l'inculpation de la soeur du roi, l'infante Cristina, pour "délits contre le Trésor public et blanchiment de capitaux". Cette décision ouvre la perspective d'un procès inédit dans l'histoire du pays.
Le juge José Castro, du tribunal de Palma de Majorque aux Baléares, a clos l'instruction qu'il mène depuis quatre ans sur l'affaire de corruption dont le principal accusé est Iñaki Urdangarin, l'époux de Cristina.
Le gendre de l'ancien roi Juan Carlos reste lui aussi inculpé pour le détournement présumé de plusieurs millions d'euros d'argent public. Les différentes parties peuvent maintenant faire appel.
Depuis deux ans et demi, le couple, écarté des activités officielles de la Famille royale, est au coeur du scandale qui a contribué à faire plonger la popularité de la couronne d'Espagne, jusqu'au coup de théâtre le plus spectaculaire: l'annonce le 2 juin, par le roi Juan Carlos, de son abdication.
Ce 19 juin, Cristina, âgée de 49 ans, qui longtemps a incarné l'image d'une princesse moderne et insouciante, était la grande absente au Congrès des députés, à Madrid, où son jeune frère, Felipe, promettait en prêtant serment de défendre une monarchie "intègre, honnête et transparente".
Mercredi, le juge José Castro a rendu son arrêt final dans l'affaire de la société à but non lucratif que présidait, entre 2004 et 2006, Iñaki Urdangarin, un ancien médaillé olympique de handball reconverti dans les affaires.
L'infante faisait partie, à la même époque, de la direction de cette société qui passait des contrats avec les autorités régionales des Baléares et de Valence pour l'organisation d'événements liés au sport.
Le juge a confirmé l'inculpation de Cristina, de son mari, âgé de 46 ans, et de l'ex-associé d'Iñaki Urdangarin, Diego Torres, estimant qu'ils doivent être jugés. La décision finale, toutefois, sera prise par le tribunal provincial, une instance supérieure, une fois épuisés les différents recours.
Le procureur anticorruption, après avoir longtemps travaillé main dans la main avec le juge, s'était lui opposé à l'inculpation de Cristina, faute selon lui d'éléments à charge suffisants et s'apprêtait à faire appel.
Mais le juge Castro, réputé intègre et infatigable, a déjà lâché plusieurs bombes: en inculpant Cristina, en janvier, puis en la convoquant dans son bureau le 8 février, du jamais vu pour un membre de la Famille royale.