Le grand ayatollah Ali Sistani, chef du clergé chiite irakien, a appelé vendredi les dirigeants irakiens à ne pas s'accrocher à leurs postes. Son allusion à peine voilée était dirigée contre le Premier ministre Nouri al-Maliki, chiite lui aussi, et sourd aux appels à sa démission.
Ali Sistani s'est exprimé à Kerbala par la voix d'un assistant. Il a ajouté que les dirigeants devaient être souples pour permettre à l'Irak de sortir de l'impasse et de répondre au terrorisme. Le pays y est confronté depuis que des insurgés sunnites sous l'impulsion des jihadistes de l'Etat islamique (EI) se sont emparés de larges portions du nord et de l'est du territoire irakien.
"Le caractère sensible de cette situation nécessite de toutes les parties concernées un esprit de responsabilité nationale qui requiert l'application de principes de sacrifice et d'abnégation, et le fait de ne pas s'accrocher à des positions ou à des postes", a souligné le grand ayatollah.
Depuis l'offensive éclair des jihadistes de l'Etat islamique et d'autres groupes sunnites, le Premier ministre Nouri al-Maliki est sur la sellette. Au pouvoir depuis 2006, il est accusé par ses détracteurs d'avoir mené une politique confessionnelle favorisant les seuls intérêts de la communauté chiite, majoritaire en Irak.
Jeudi, le processus parlementaire a cependant franchi un premier cap avec l'élection du député kurde Fouad Massoum à la présidence de l'Irak. L'étape suivante, la nomination du Premier ministre, s'annonce plus compliquée, al-Maliki, chef de file du principal parti, refusant de s'effacer au profit d'une personnalité moins clivante. L'appel d'Ali Sistani pourrait accélérer son départ.
Par ailleurs, quatre personnes ont été tuées et 19 autres blessées vendredi dans une série d'attentats devant des salles de prière chiites à Kirkouk, dans le nord de l'Irak, selon la police et des sources médicales.
L'explosion la plus meurtrière s'est produite devant la husseiniya (lieu de culte chiite) Mustafa, dans le sud-ouest de la ville. Cet attentat à la voiture piégée à la sortie de la prière a tué quatre fidèles et en a blessé quinze autres.
Kirkouk est passée sous le contrôle des forces kurdes après le retrait de l'armée irakienne face à l'avancée des insurgés de l'EI. Mais les violences et les bombardements y sont encore fréquents.