Jean-Claude Juncker a été choisi par les dirigeants de l'UE pour présider la Commission européenne, malgré le combat acharné du Premier ministre britannique David Cameron. Le Luxembourgeois succède à José Manuel Barroso au poste le plus puissant des institutions européennes.
Le Conseil européen - qui réunit les vingt-huit chefs d'Etats et de gouvernement de l'UE - a été contraint à un vote à la majorité qualifiée par l'inflexibilité du Premier ministre britannique. David Cameron était quasiment isolé, mais résolu dans sa lutte contre un homme qu'il juge trop fédéraliste et contre le "coup d'Etat" du Parlement européen.
L'ancien Premier ministre luxembourgeois a sans surprise été désigné avec 26 voix contre deux, le Hongrois Viktor Orban y étant aussi hostile. M. Juncker va se présenter devant le Parlement le 16 juillet, en vue d'une élection a priori formelle.
Il formera ensuite son équipe en coopération avec les Etats membres avant de subir, avec la Commission européenne tout entière, un vote d'investiture. Le nouvel exécutif de l'UE entrera en fonctions le 1er novembre 2014.
Candidat présenté par les conservateurs du PPE lors des élections européennes, il a le soutien de son groupe, mais aussi des sociaux-démocrates, des libéraux et des Verts. Les sociaux-démocrates ont obtenu, sous l'impulsion de l'Italie et de la France, une inflexion pour la croissance et l'investissement, adoptée à l'unanimité.
David Cameron a pourtant bataillé jusqu'au bout. Lors du déjeuner des chefs d'Etat et de gouvernement, il a rappelé son hostilité au processus, comme à l'ex-président de l'Eurogroupe.
M. Juncker, 59 ans, est un vieux routier de la politique européenne, à la vision fédéraliste. En tant que président de la Commission, il sera chargé à la fois de proposer des législations européennes et de les mettre en oeuvre.
Le futur président de la Commission devra mettre en oeuvre la feuille de route adoptée par les Vingt-Huit sur leurs orientations pour les cinq ans à venir. Il devra faire la "meilleure utilisation" des souplesses du pacte de stabilité pour évaluer les budgets.
Cette formule est issue d'un compromis trouvé notamment lors d'un entretien bilatéral entre Angela Merkel et le président du Conseil italien Matteo Renzi, durant lequel la chancelière a rappelé son attachement au respect des règles.