Le président français François Hollande a nommé lundi soir le ministre de l'Intérieur Manuel Valls nouveau chef du gouvernement. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait annoncé sa démission en fin d'après-midi, au lendemain de la débâcle des socialistes lors des élections municipales.
Acculé, jusque dans son camp, à remanier son équipe et à réorienter sa politique, le président français s'est aussi engagé, dans une brève allocution télévisée, à baisser les impôts.
"J'ai entendu votre message, il est clair. Pas assez de changements et donc trop de lenteur. Pas assez d'emplois et donc trop de chômage. Pas assez de justice sociale et trop d'impôts", a dit le chef de l'Etat, au plus bas dans les sondages.
"Ce sera une équipe resserrée, cohérente et soudée. Un gouvernement de combat", a promis M. Hollande. Son premier exécutif, qui aura duré moins de deux ans, comptait une quarantaine de ministres. Ils ont multiplié les couacs, avec des prises de position divergentes sur une série de sujets.
Manuel Valls, 51 ans, est né à Barcelone de père catalan et de mère tessinoise. Devenu français à 20 ans, tenant d'un socialisme à la Tony Blair, notamment en matière économique, qui l'a souvent placé en porte-à-faux avec son parti, le nouveau premier ministre est plus populaire à droite qu'à gauche.
Peu après l'annonce de sa nomination, les deux ministres écologistes sortants (Cécile Duflot au Logement et Pascal Canfin au Développement) ont annoncé qu'ils ne participeraient pas au futur gouvernement de Manuel Valls. Ils estiment que le choix de François Hollande n'est "pas la réponse adéquate aux problèmes des Français".
L'aile gauche du Parti socialiste a aussi exprimé sa stupéfaction. La décision de François Hollande est "précipitée", a jugé l'un des chefs de file de ce courant, Emmanuel Maurel.
A droite, le patron de l'UMP Jean-François Copé a déclaré que "le limogeage" de Jean-Marc Ayrault ne suffirait pas à "régler les problèmes" de la France.
"C'est un changement de politique que les Français attendent et pas tant un mercato gouvernemental", a renchéri la cheffe du parti d'extrême droite Front National (FN), Marine Le Pen. Sa formation a marqué son ancrage dans le pays dimanche avec l'élection de onze maires.