José Manuel Barroso appelle au respect de la vie privée

L'espionnage américain échauffe les esprits en Europe. Après la France, l'Allemagne a annoncé jeudi avoir convoqué l'ambassadeur américain. Il va devoir s'expliquer sur les éventuelles écoutes faites sur le téléphone de la chancelière. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a défendu le "droit fondamental" au respect de la vie privée.

"La protection de la vie privée est très importante pour l'Europe", a déclaré M. Barroso, interrogé lors d'une conférence de presse avec les partenaires sociaux avant le sommet européen de Bruxelles. "Nous considérons en Europe le droit au respect de la vie privée comme un droit fondamental", a-t-il insisté.

Il a évoqué la situation en Allemagne de l'Est à l'époque de la RDA, "où la police politique espionnait les gens quotidiennement". "Nous savons, encore très récemment, ce que signifie le totalitarisme, nous savons ce qui arrive quand l'Etat utilise ses pouvoirs pour s'introduire dans la vie des gens", a-t-il dit.

Le sommet des dirigeants européens s'ouvrait jeudi après-midi à Bruxelles sous le choc des révélations de la surveillance intensive des Européens par les services américains. La dernière affaire en date a été révélée mercredi par le gouvernement allemand, selon lequel le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel elle-même aurait pu être surveillé par l'Agence de la sécurité nationale (NSA) américaine.

L'ambassadeur américain a été convoqué jeudi après-midi pour un entretien avec le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle pour s'expliquer à ce sujet. "A cette occasion, la position du gouvernement allemand lui sera clairement exposée", a indiqué une porte-parole du ministère. Elle confirmait des informations du site Internet de "Der Spiegel".

Vives réactions

Ces informations ont provoqué de vives réactions en Allemagne, l'un des plus fidèles alliés des Etats-Unis, d'autant que la chancelière s'était montrée très compréhensive à l'égard des activités de surveillance de la NSA à l'étranger, depuis le début des révélations sur ce sujet par un ancien consultant, Edward Snowden.

Angela Merkel s'en est entretenue au téléphone avec M. Obama et lui a demandé des éclaircissements immédiats et complets sur cette affaire. Elle a souligné que si cet espionnage était confirmé, elle le jugerait "totalement inacceptable" et porterait un "coup sérieux à la confiance" entre les deux pays amis.

Le président américain lui a assuré que les Etats-Unis ne surveillaient pas et ne surveilleraient pas ses communications.

Le Parquet fédéral allemand, en charge des affaires d'espionnage, a cependant annoncé étudier ces informations. Cette étude est un prélude à une éventuelle enquête formelle.

Pour le moment, le Parquet tente encore de déterminer si les éléments récoltés sur l'espionnage des citoyens contreviennent aux lois sur l'activité de services secrets étrangers sur le territoire allemand.

Les Italiens ont appris qu'ils avaient également été espionnés, et ce non seulement par les services américains mais également par les Britanniques, selon le journaliste Glenn Greenwald dans une interview à l'hebdomadaire italien "L'Espresso". D'après lui, les informations importantes étaient ensuite échangées avec l'agence nationale de sécurité américaine (NSA).

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