Ibrahim Boubacar Keïta sera le futur président du Mali. Son adversaire Soumaïla Cissé a reconnu sa défaite au second tour de la présidentielle. Le nouvel élu aura la lourde tâche de redresser un pays traumatisé par 18 mois de crise politico-militaire.
Soumaïla Cissé a créé la surprise en reconnaissant lundi soir la victoire de M. Keïta, 68 ans et ancien Premier ministre, avant la publication des résultats officiels attendus d'ici vendredi.
Lundi soir, l'ex-ministre des Finances, est allé dans la discrétion, avec sa femme et ses enfants, au domicile du futur président pour "le féliciter et lui souhaiter bonne chance pour le Mali," a expliqué M. Cissé après la rencontre. Il ne contestera pas le résultat du scrutin. "L'heure n'est plus à la polémique", a-t-il dit.
Son entourage avait pourtant dénoncé auparavant "des fraudes massives" et une attitude "partisane" du régime de transition en place à Bamako depuis le coup d'Etat du 22 mars 2012 qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré.
Retrouver confiance
Après son investiture officielle, prévue en septembre, Ibrahim Boubacar Keïta, va devoir très rapidement prendre des mesures concrètes pour redonner confiance à des Maliens divisés par la profonde crise politique et militaire qu'ils viennent de traverser.
Cette crise a débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touaregs dans le nord du Mali, eux-même rapidement supplantés par des groupes criminels et islamistes armés liés à Al-Qaïda. Les jihadistes ont laminé la rébellion touarègue et l'armée malienne, avant d'être en grande partie chassés par l'intervention militaire franco-africaine, toujours en cours.
Le conflit a plongé en 18 mois le Mali dans la récession, accentué la pauvreté, ravivé les tensions entre communautés touarègues, arabes et noires, et provoqué un exode massif d'environ 500'000 déplacés internes et réfugiés.
Réconciliation
Ibrahim Boubacar Keïta souhaite mettre en place un gouvernement de large union pour faire face à ces immenses défis. A plusieurs reprises, il a indiqué que sa première tâche serait "la réconciliation", en particulier avec la minorité touarègue.
Le nouveau président pourra compter sur l'appui de la communauté internationale qui a promis une aide massive de 3,2 milliards d'euros.