Une plainte déposée mardi aux Etats-Unis accuse le gouvernement éthiopien d'avoir pénétré dans l'ordinateur d'un Américain avec un "logiciel espion". Cette opération aurait été réalisée dans le cadre d'une campagne du renseignement éthiopien contre les opposants au régime.
"Nous avons la preuve concrète qu'un gouvernement étranger s'est secrètement infiltré dans l'ordinateur d'un Américain sur le sol américain, a écouté ses appels et obtenu accès à des pans entiers de sa vie privée", a déclaré l'avocat Nate Cardozo, du groupe de défense des droits sur internet Electronic Freedom Foundation.
"Le gouvernement éthiopien actuel a un passé bien connu de violations des droits de l'homme contre toute personne considérée comme un opposant politique", a-t-il martelé.
L'ordinateur d'un Américain résidant dans le Maryland (est) a été la cible d'un logiciel malveillant permettant d'espionner ses appels passés via le service de téléphonie sur internet Skype, précise la plainte.
Le virus a pu être introduit dans son ordinateur lorsqu'il a ouvert la pièce jointe d'un e-mail, piégée avec un programme nommé FinSpy. Les analyses réalisées sur l'appareil ont montré que les enregistrements d'appels passés via Skype et d'autres données privées ont été envoyés sur un serveur en Ethiopie contrôlé par le gouvernement, selon l'association.
La plainte, déposée devant un tribunal de Washington, demande de garder l'identité de la victime secrète et d'avoir recours au pseudonyme "M. Kidane" afin de protéger les membres de sa famille aux Etats-Unis et à l'étranger.
"Les cas de violations, par des gouvernements, de la vie privée d'opposants politiques à travers la surveillance numérique ne sont pas isolés. Il en existe déjà beaucoup et ça ne fait que grossir", a affirmé la directrice juridique d'Electronic Freedom Foundation, Cindy Cohn.