Le ton est encore monté mardi autour de l'Ukraine, menacée d'éclatement. Kiev a averti mardi que les séparatistes pro-russes seraient traités comme des "terroristes et criminels". La Russie, une nouvelle fois mise en garde par l'OTAN, pointe le danger de guerre civile.
Moscou a appelé mardi les autorités ukrainiennes à cesser des préparatifs d'intervention dans les régions pro-russes de l'Est, "qui risque de déclencher une guerre civile".
La Russie, qui a elle-même massé des forces militaires à la frontière, affirme que 150 hommes d'une société privée américaine participent à cette opération, ainsi que des militants d'un groupe nationaliste ukrainien qualifié de "fasciste" par Moscou.
Kiev a démenti l'information. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a quant à lui répliqué en accusant la Russie d'avoir envoyé "des provocateurs et des agents" créer le chaos dans l'est de l'Ukraine. Et le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a averti mardi le Kremlin qu'il commettrait une "erreur historique" en intervenait "davantage" en Ukraine.
Les Etats-Unis ont proposé des "pourparlers" à quatre (Ukraine/Russie/Union européenne/USA) pour sortir de la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide. Moscou a indiqué envisager de telles discussions, mais veut que les pro-russes en Ukraine y soient représentés.
En attendant, John Kerry a annoncé qu'il rencontrerait une nouvelle fois son homologue russe Sergueï Lavrov, la semaine prochaine en Europe.
Dans le pays, le ton n'était pas à l'apaisement. Les "séparatistes" qui "prennent les armes, qui envahissent des bâtiments, seront traités comme (...) des terroristes et des criminels", a averti le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov. Mais "les forces de l'ordre "ne prendront jamais les armes contre des manifestants pacifiques", a-t-il assuré.
Appuyée par les Etats-Unis et les pays de l'Union européenne, l'Ukraine accuse la Russie d'orchestrer l'agitation dans l'est de son territoire en répétant le scénario qui a vu Moscou reprendre en mars à Kiev la péninsule de Crimée.
Comme en Crimée, des manifestants ont pris d'assaut dimanche soir des bâtiments officiels à Kharkiv, Donetsk et Louhansk, pour exiger la tenue d'un référendum d'autodétermination.
La police ukrainienne a délogé des dizaines de militants pro-russes qui occupaient le siège de l'administration régionale à Kharkiv. Trois membres des forces de l'ordre ont été blessés, dont un grièvement, et 70 activistes arrêtés, dont leur leader local, selon les autorités.
Mais le mouvement en faveur d'un rattachement des régions de l'est de l'Ukraine à la Russie se poursuivait mardi à Donetsk et Louhansk. Les pro-russes de Donetsk contrôlent depuis dimanche le bâtiment de l'administration régionale et ont proclamé une "république souveraine". Ils ne semblaient guère intimidés, renforçant les barricades autour de leur quartier général.
Un de leurs chefs, Vadim Tcherniakov, a réaffirmé qu'ils entendaient organiser avant le 11 mai un référendum sur un éventuel rattachement de la région à la Russie. Il a aussi annoncé la formation d'un "gouvernement provisoire de la République du Donbass".
Les insurgés ne semblaient toutefois pas contrôler grand-chose hors de leur QG. Les forces loyalistes ont annoncé avoir repris, sans victimes, le siège des services de sécurité (SBU) à Donetsk, fief de l'ex-président Viktor Ianoukovitch.
A Louhansk, la situation était plus tendue. Des séparatistes tenaient toujours mardi le siège des services de la sécurité d'Etat. Selon le SBU, ils auraient disposé des explosifs dans le bâtiment et retiennent contre leur gré une soixantaine de personnes.