Les combattants de l'Etat islamique ont conforté leur progression en prenant un site stratégique en Syrie. En face, l'Irak est menacé d'implosion par l'offensive de ces jihadistes sur son territoire, laquelle aiguise l'appétit d'indépendance du Kurdistan irakien.
Le risque de partition de l'Irak est d'autant plus grand que l'offensive jihadiste renforce depuis quelques semaines les volontés indépendantistes des Kurdes. Après une réunion à huis clos du Parlement régional, le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a demandé l'organisation d'un référendum d'indépendance dans les prochains mois.
Les cinq millions de Kurdes d'Irak jouissent d'une large autonomie depuis le début des années 1990. Ils ont accru de près de 40% la superficie de leur territoire récemment, à la faveur du repli des troupes irakiennes face à l'offensive des djihadistes sunnites.
Ce projet irrite le Premier ministre irakien, le chiite Nouri al Maliki. Il accuse le Kurdistan autonome d'"exploiter les événements en cours pour imposer sa vision des choses".
Pour tenter de renverser la donne, il a décrété une amnistie pour toute personne "impliquée dans des actions contre l'Etat". Il a précisé que celle-ci concerne aussi les officiers de l'armée de Saddam Hussein, dissoute en 2003 par les Etats-Unis.
Le Premier ministre a aussi expliqué "oeuvrer sérieusement à l'unification de tous ceux qui croient à l'intégrité de l'Irak, à sa souveraineté et à sa force".
L'armée irakienne peine cependant à regagner du terrain face à l'offensive fulgurante lancée il y a près d'un mois par des insurgés sunnites. Ceux-ci ont proclamé dimanche un "califat" sur les zones conquises à cheval entre la Syrie et l'Irak.
Par ailleurs, 32 routiers turcs retenus en otage depuis un mois par l'Etat islamique (EI) ont été libérés en bonne santé, a annoncé le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. Selon l'ONU, les violences en Irak ont fait plus de 2400 morts en juin et provoqué la fuite de milliers de personnes.
De l'autre côté de la frontière, les combattants de l'EI ont pris le contrôle du plus grand champ pétrolifère de Syrie, al Omar. Ce site est situé dans une province orientale, limitrophe de l'Irak.
Face à ces vives tensions, le roi Abdallah d'Arabie saoudite a ordonné toutes les mesures nécessaires pour protéger le royaume contre des "menaces terroristes". Près de 30'000 soldats ont été mobilisés le long de sa frontière avec l'Irak, rapporte la chaîne gouvernementale Al Arabiya.
Les combats et le chaos politique en Irak inquiètent notamment les Etats-Unis, dont les troupes se sont retirées fin 2011 après huit ans d'occupation. Les diplomates américains mènent des tractations tous azimuts pour tenter de trouver des solutions et apaiser cette crise.