La nouvelle Constitution de Tunisie a été signée lundi. Ce texte doit permettre au pays de sortir d'une crise politique, avec des élections dans l'année. Par ailleurs, l'Assemblée constituante devrait accorder mardi sa confiance au nouveau gouvernement.
Le chef de l'Etat Moncef Marzouki, le Premier ministre sortant Ali Larayedh et le président de l'Assemblée nationale Constituante (ANC) Mustapha Ben Jaafar ont signé la loi fondamentale sous les applaudissements des députés. Ceux-ci l'avaient adoptée dans la nuit de dimanche à lundi après plus de deux ans de travaux tendus.
Après sa publication au Journal officiel, la Constitution entrera en vigueur par étapes, notamment dans l'attente de l'élection d'un Parlement et d'un président de la République. Ces scrutins sont prévus cette année.
"Avec la naissance de ce texte, on entérine notre victoire contre la dictature", a dit M. Marzouki, en référence au régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali.
"Le chemin est encore long. Il reste un grand travail à faire pour que les valeurs de notre Constitution fassent partie de notre culture", a souligné le chef de l'Etat. "C'est la poursuite de notre victoire sur le terrorisme, c'est une victoire pour nous tous", a-t-il ajouté.
Le texte de la Constitution consacre un exécutif double et accorde une place réduite à l'islam. Il garantit aussi la liberté de croyance. Il introduit aussi pour la première fois dans le monde arabe un objectif de parité homme-femme dans les assemblées élues.
François Hollande a félicité la Tunisie après l'adoption de sa nouvelle Constitution. Le président français salue également "l'esprit de responsabilité de tous les acteurs qui a permis ce résultat".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a estimé que la Tunisie constituait un "modèle pour les autres peuples aspirant à des réformes".
Rapidement intervenues après la victoire des islamistes d'Ennahda lors de l'élection de l'Assemblée constituante en octobre 2011, les tensions politiques ont été exacerbées en 2013. En particulier depuis l'assassinat de deux figures de l'opposition laïque au gouvernement.
La crise n'a trouvé une issue qu'avec la démission, en décembre, du Premier ministre Ali Laarayedh, issu d'Ennahda, et son remplacement par Mehdi Jomaâ. Nommé le 14 décembre, il a pris ses fonctions le 10 janvier.
Il a dévoilé dimanche soir la composition d'un gouvernement d'indépendants. Ce cabinet regroupe aussi bien des hauts fonctionnaires, des magistrats que des personnalités venues du privé. Le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a été maintenu à son poste.
Le nouveau gouvernement devrait obtenir mardi après-midi la confiance de l'Assemblée nationale constituante. Il aura pour principale mission d'organiser des élections dans l'année.