L'ancien président de gauche Tabaré Vazquez est bien placé pour revenir au pouvoir en Uruguay après un bon score dimanche au premier tour de l'élection présidentielle. Sa formation, le Frente Amplio, pourrait également rester majoritaire au Parlement.
Selon les résultats officiels publiés lundi par le Tribunal électoral, portant sur 98,5% des bulletins de vote, le cancérologue de 74 ans a recueilli 47,15% des suffrages. Il est loin devant les 30,5% de son jeune opposant du Parti national (centre droit) Luis Lacalle Pou (41 ans).
Arrivé troisième avec 12,8%, Pedro Bordaberry, du Parti Colorado, a apporté dès dimanche soir son soutien à Luis Lacalle Pou. Mais même avec ce report, la gauche reste devant.
"C'est un triomphe du Frente Amplio", explique l'analyste politique Juan Carlos Doyenart, directeur de la société de conseils Interconsult. Et de noter que la coalition de gauche "conserve, après dix ans de gouvernement, presque 95% des votes obtenus en 2004", année de sa première victoire.
Selon lui, le Frente est le "grand favori" du second tour et pourrait ainsi rester au pouvoir au 1er mars 2015, quand partira le président actuel, José Mujica. Surnomé "Pepe", le président sortant est célèbre dans le monde entier pour son style décontracté et son mode de vie austère.
La présidence de Mujica s'est distinguée par de grandes avancées sociales, telles l'adoption du mariage homosexuel et le droit à l'avortement. Mais le changement à la tête de l'Etat pourrait sonner le glas de la plus ambitieuse loi votée sous Mujica: la légalisation de la production et de la vente du cannabis sous contrôle de l'Etat, votée fin 2013.
Premier président de gauche de l'Uruguay (2005 à 2010), Tabaré Vazquez a clairement exprimé ses réserves quant à la vente publique du cannabis en pharmacie, aspect le plus controversé de la loi. Lui-même avait pendant son mandat fait adopter de sévères lois anti-tabac.
Dans ce pays de 3,3 millions d'habitants où le vote est obligatoire sous peine d'amende, un total de 2,6 millions d'électeurs étaient appelés dimanche à choisir, outre leur président, les 30 sénateurs et 99 députés. Contre toute attente, la gauche au pouvoir pourrait conserver sa majorité au Parlement.
Au Sénat, le Frente Amplio obtiendrait 15 sénateurs. Il devrait compter encore un siège de plus s'il remporte le second tour, le vice-président du pays étant aussi président du Sénat.
Pour la chambre basse, les résultats ne sont pas encore définis de manière précise. Le Frente Amplio pourrait rechercher au besoin un accord avec le Parti indépendant (centre gauche), qui aurait trois députés.