Le conducteur du chasse-neige, accusé par les enquêteurs russes d'ébriété au moment de l'accident ayant conduit à la mort du patron de Total, a déclaré avoir "perdu ses repères". Il a indiqué de plus ne pas avoir entendu l'avion arriver sur son véhicule.
Placé en garde à vue pour 48 heures, cet homme de 60 ans qui, selon la chaîne russe Pervyi Kanal, travaille à l'aéroport moscovite de Vnoukovo depuis dix ans, est apparu pour la première fois dans des images "amateur" réalisées au moment de son interrogatoire par des enquêteurs.
"L'avion était en train de décoller, je ne l'ai pratiquement pas vu ou entendu parce que ma machine fonctionnait (et faisait du bruit) et qu'il n'y avait pas de lumière", ajoute-t-il sans qu'il soit possible de déterminer s'il parle des feux de position du Falcon 50 ou de balises lumineuses sur la piste.
"Et il y a eu le choc", conclut le conducteur qui doit être présenté devant un juge dans la journée. Son avocat, Alexandre Karbanov, a affirmé que son client souffre d'insuffisance cardiaque chronique et et "ne boit jamais".
Le patron de Total, Christophe de Margerie, deux pilotes et une membre d'équipage, ont péri dans cet accident survenu dans la nuit. Leur Falcon 50 a percuté le chasse-neige au moment du décollage.
Le Bureau d'enquête pour la sécurité de l'aviation civile russe (MAK) a annoncé mercredi avoir procédé à l'analyse des boîtes noires du tri-réacteur français.
"Nous sommes en train d'étudier les enregistrements de tous les enregistreurs de bord, nos experts analysent la situation météorologique au moment de l'accident et toute la documentation, y compris celle qui concerne les préparatifs du vol", a expliqué le vice-président du MAK, Sergueï Zaïko, à la chaîne publique russe Rossiya 24.
"L'avion était équipé d'enregistreurs modernes et bien protégés ce qui a permis de mener ces travaux d'une façon efficace", a-t-il ajouté. Le responsable russe a rappelé que le but de cette expertise "n'est pas d'identifier les coupables - ce qui incombe aux enquêteurs et aux juges - mais d'établir les causes de l'accident".
Le rôle du conducteur du chasse-neige, la responsabilité des aiguilleurs du ciel, ainsi qu'une possible erreur des pilotes et la météo, sont au centre des investigations des enquêteurs russes et de ceux du Bureau (français) d'enquêtes et d'analyses (BEA).
Les experts français sont arrivés mardi soir à Moscou pour "trois, quatre, cinq jours, le temps qu'il faudra", selon l'un d'eux, interrogé par la télévision russe.