Le ministère public ougandais a fait appel samedi de l'annulation d'une loi renforçant la répression de l'homosexualité. Ce texte, qui avait provoqué un tollé international, "n'avait pas l'intention de stigmatiser les homosexuels, mais visait l'intérêt général", a dit l'adjoint du procureur général.
"Nous ne sommes pas satisfaits de la décision de la cour constitutionnelle et nous avons fait appel", a déclaré l'adjoint du procureur général Fred Ruhinda. L'appel a été transmis à la Cour suprême.
Dénoncée comme draconienne et "abominable" par les groupes de défense des droits de l'homme, cette loi était populaire auprès du grand public. Elle prévoyait la prison à vie pour les homosexuels et ajoutait l'interdiction de "la promotion de l'homosexualité" et l'obligation de dénoncer les homosexuels à la législation en vigueur.
Cette loi a été annulée le 1er août par la cour constitutionnelle, les juges estimant que le processus législatif était entaché de nullité, car le quorum exigé par la Constitution lors du vote du Parlement le 20 décembre 2013 n'avait pas été atteint.
Le texte avait été promulgué par le Président ougandais Yoweri Museveni en février. La procédure avait entraîné des protestations en Occident notamment, où plusieurs bailleurs de fonds avaient suspendu certaines de leurs aides.
L'annulation avait été saluée en Ouganda par les défenseurs de la cause homosexuelle, même si les relations homosexuelles y restaient illégales et que les partisans de la répression avaient prévenu qu'ils n'avaient pas dit leur dernier mot.
Quelle que soit l'issue de la bataille à venir sur un sujet sensible dans de nombreux pays d'Afrique où l'homosexualité reste illégale, l'heure était à la fête samedi: les militants ougandais se sont rassemblés pour leur première "Gay Pride", dansant et chantant sur les bords du lac Victoria.
La fête s'est tenue dans un jardin botanique situé à un kilomètre à peine du palais présidentiel d'Entebbe, à 35 km de la capitale Kampala. Une centaine de personnes y assistaient, sur invitation seulement.
"C'est l'occasion de nous retrouver. Tout le monde devait se cacher à cause de la loi contre l'homosexualité", a déclaré une des organisatrices du rassemblement, Sandra Ntebi. "C'est un jour de fête pour chacun d'entre nous".