Les autorités syriennes ont décidé de bâillonner l'opposition de l'intérieur en lui interdisant pour la première fois de tenir une conférence de presse à Damas. Cette mesure représente un durcissement sans précédent depuis le début de la guerre en Syrie, en 2011.
Deux groupes de cette opposition, tolérée jusqu'à présent par le régime, avaient décidé d'organiser une conférence de presse pour annoncer un mémorandum conjoint préconisant une "solution politique" au conflit qui ravage la Syrie et la fin du "régime autocratique".
Il s'agit du Comité national de coordination des forces de changement démocratique en Syrie (CNCD) et du "Front de changement et de libération" (FCL).
"Des membres des services de sécurité en ont empêché la tenue et interdit aux journalistes d'entrer au siège du FCL" où devait se tenir la conférence, a expliqué Hassan Abdel Aazim, coordinateur du CNCD, contacté par l'AFP.
"Un barrage de huit hommes en tenue militaire a été installé devant le siège", a précisé Safouane Akkach, membre du CNCD. "Les journalistes ont été empêchés d'entrer sous prétexte qu'ils n'avaient pas d'autorisation pour couvrir l'événement, sachant que tous sont accrédités par le ministère de l'Information", a ajouté l'opposant.
C'est la première fois qu'une conférence tenue par l'opposition de l'intérieur est interdite depuis le début de la guerre en mars 2011. Celle-ci avait commencé par des manifestations pacifiques contre le régime avant de dégénérer en conflit armé.
Selon M. Akkach, "le régime n'a pas apprécié le fait qu'avec ce mémorandum, le FCL soit devenu un mouvement d'opposition hors de l'orbite du régime".
Le texte signé par les deux parties s'oppose à toute ingérence étrangère en Syrie et à une "solution militaire", mais appelle surtout au "passage d'un régime autocratique à un système démocratique pluraliste".
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), le ministère syrien de l'Information, sur ordre du bureau de presse du palais présidentiel, a interdit aux journalistes "de couvrir toute conférence de presse de l'opposition présente à Damas ou d'interviewer des opposants".
D'après cette ONG, le régime de Bachar al-Assad a jeté des dizaines de milliers de personnes en prison depuis le début du conflit, qui a fait plus de 170'000 morts.