Le pape François a fustigé lundi sur l'île italienne de Lampedusa "l'indifférence" du monde face à la mort de centaines de personnes venues d'Afrique qui ont tenté de traverser la Méditerranée en quête d'"une vie meilleure". Il a célébré une messe et déposé une gerbe de fleurs à la mer en mémoire des migrants disparus.
Lors d'une messe devant 10'000 personnes sur le stade de l'île, depuis un lutrin symboliquement fabriqué à partir d'un gouvernail et de rames, François a expliqué avoir décidé ce voyage sans précédent pour "accomplir un geste de proximité et réveiller les consciences afin que ce qui s'est produit ne se répète plus".
"La culture du bien-être nous rend insensibles aux cris d'autrui" et "aboutit à une mondialisation de l'indifférence", a déploré le pape. Les gens agitaient des fanions aux couleurs vaticanes (jaune et blanc), avec en arrière-plan des épaves d'embarcations de migrants. Il s'agissait de la première visite officielle en dehors de Rome du nouveau pape.
Un exemple de solidarité
Devant une statue de la vierge, il a aussi réclamé "la conversion de ceux qui génèrent la guerre, la haine, la pauvreté, exploitent leurs frères et font commerce indigne de la vie humaine".
Au cours de sa visite de près de cinq heures, le pape a à plusieurs reprises remercié les 6000 habitants de Lampedusa, les organisations humanitaires et les forces de police: "Un exemple de solidarité".
Avant la messe, il avait été conduit en vedette des garde-côtes devant la Porte de l'Europe, un monument dressé à la mémoire des victimes des naufrages. Sur ce bateau qui a secouru 30'000 personnes en huit ans, le pape a dit une prière puis jeté une couronne de chrysanthèmes tandis que les autres embarcations faisaient retentir leurs sirènes.
Selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés, 40 migrants sont morts au premier semestre en tentant de gagner l'Italie depuis l'Afrique du Nord. Le bilan de 2012 était encore plus lourd avec 500 victimes. "Qui est responsable du sang de ces frères et soeurs ? (...) nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle", a dénoncé le pape en demandant "pardon" pour toutes ces victimes.