Militante basque libérée après la décision de la CEDH

La justice espagnole a décidé mardi de remettre en liberté la militante de l'ETA Ines Del Rio, condamnée à 3828 ans de prison pour plusieurs attentats. Cette mesure intervient suite à une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) qui avait ordonné sa libération. Un autre etarra va être libéré en Grande-Bretagne.

La décision rendue lundi par la justice européenne devrait contraindre l'Espagne à remettre en liberté 54 militants emprisonnés du groupe armé basque, dont la détention avait été prolongée en vertu de la "doctrine Parot", un système de remise de peine entré en vigueur en 2006.

Les 17 juges du tribunal de l'Audience nationale à Madrid ont suivi mardi la demande du Parquet. Celui-ci a estimé que "la résolution de Strasbourg est claire sur la mesure à prendre pour rétablir les droits" de la militante et demande "que soit garantie la remise en liberté de Ines Del Rio le plus rapidement possible".

Désaveu pour Madrid

Ines Del Rio, âgée de 55 ans, avait été condamnée entre 1988 et 2000 pour 24 assassinats commis lors d'attentats de l'ETA, dont l'un parmi les plus sanglants du groupe armé, dans lequel 12 gardes civils avaient été tués le 14 juillet 1986 à Madrid. Elle aurait dû, en vertu de la "doctrine Parot", être libérée en 2017.

La décision de la cour de Strasbourg constitue un désaveu pour le gouvernement espagnol, très ferme dans sa politique pénitentiaire envers les détenus de l'ETA. Elle a été en revanche saluée par la gauche indépendantiste du Pays basque, qui a appelé le gouvernement conservateur espagnol à infléchir cette politique.

En Grande-Bretagne aussi

Autre conséquence directe de l'arrêt de la CEDH, la justice britannique a ordonné mardi aussi la libération conditionnelle d'un autre membre de l'ETA, Antonio Troitino.

"Si elle (la militante Inès Del Rio) a été libérée, il est juste qu'il (Antonio Troitino) le soit aussi", a déclaré le juge John Thomas pour justifier sa décision d'accorder la libération au militant, sous le coup d'une procédure d'extradition vers l'Espagne.

Troitino, alias "Antxon", détenu depuis juin 2012 au Royaume-Uni, devait être libéré dès mardi soir et devra se présenter chaque jour à partir de jeudi, dans un commissariat de Londres, au moins jusqu'à mardi prochain. Pendant ce délai, le magistrat espère que l'Espagne se prononcera sur les suites à donner à la procédure d'extradition de l'etarra.

Deux mille ans de prison

Cet homme de 56 ans avait été arrêté à la demande des autorités espagnoles qui souhaitent le voir purger l'intégralité de sa peine de prison. Arrêté une première fois en 1987, il avait été condamné à plus de 2000 ans de prison pour 22 assassinats perpétrés lorsqu'il faisait partie du commando "Madrid" dans les années 1980.

La peine maximale encourue en Espagne étant de 30 ans, il devait sortir en 2017. Mais il avait été libéré en avril 2011, au bout de 24 ans, à la faveur d'un jugement sur les réductions de peine.

Ce jugement avait été invalidé peu après par un autre magistrat, sur la base d'une jurisprudence dite "doctrine Parot" plus défavorable à l'accusé, mais Troitino avait entre-temps pris la fuite.

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