Près de 1500 dessins, croquis et tableaux, propriétés de collectionneurs juifs confisquées par les nazis ou vendues par des juifs persécutés, ont été découverts dans un appartement à Munich, affirme l'hebdomadaire allemand "Focus". Leur valeur est estimée à un milliard d'euros.
Les autorités ont admis travailler depuis des mois sur cette affaire révélée dimanche par l'hebdomadaire Focus, mais observaient un mutisme presque complet, renvoyant au parquet de la ville bavaroise d'Augsbourg. Ce dernier a annoncé une conférence de presse pour mardi.
"Je pense que c'est la plus grande découverte de tableaux volés dans le cadre de l'Holocauste depuis des années", a déclaré dans un entretien Julian Radcliffe, président du Registre des oeuvres d'art perdues, basé à Londres.
Les douaniers allemands ont trouvé au printemps 2011 ces oeuvres, dont la plupart étaient considérées perdues à jamais, dans un appartement munichois. Ordures et boîtes de conserves périmées s'y amoncelaient également, certaines depuis près de 30 ans.
L'appartement était celui de Cornelius Gurlitt. L'octogénaire avait été contrôlé en 2010 par les douanes allemandes dans un train reliant la Suisse à l'Allemagne, avec dans une enveloppe une importante somme en liquide (9'000 euros, selon Focus).
Les enquêteurs avaient décidé de suivre leur intuition jusqu'à obtenir, quelques mois plus tard, l'autorisation de perquisitionner son appartement. Selon les premiers éléments de l'enquête, Cornelius Gurlitt vivait depuis des décennies sans être légalement enregistré en Allemagne et sans travail.
Il subvenait à ses besoins grâce à la vente des oeuvres amassées dans son appartement à des galeristes peu regardants sur l'origine. M. Gurlitt a hérité ces objets d'art de son père, Hildebrand Gurlitt, collectionneur décédé en 1956.
Menacé par les nazis dans un premier temps, notamment parce qu'il avait une grand-mère juive, Hildebrand Gurlitt s'était rendu indispensable au régime hitlérien qu'il aidait à écouler des oeuvres volées ou saisies à l'étranger.
Une part importante des oeuvres proviendrait donc de la spoliation de juifs, dont les collections d'art ont été saisies ou rachetées à très bas prix.