Après un périple de 10 ans à la poursuite de sa cible, la sonde européenne Rosetta a rejoint mercredi comme prévu la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Elle est devenue le premier engin spatial à réussir cet extraordinaire rendez-vous, une aventure scientifique unique qui doit durer au moins jusqu'à fin 2015. De la technologie suisse est à bord.
Cette première doit permettre de récolter des indices inédits sur l'origine du système solaire.
"On est arrivé à la comète", a lancé à 11h29 Sylvain Lodiot, responsable des opérations de vol de Rosetta à l'Agence spatiale européenne (ESA), depuis le Centre de contrôle de Darmstadt (Allemagne). Quelques minutes plus tard, la sonde (@ESA_Rosetta) célébrait elle-même l'événement tant attendu en tweetant "Salut, comète!" dans une vingtaine de langues.
Lancée en 2004, Rosetta a parcouru au total plus de six milliards de km dans l'espace, effectuant quatre orbites autour du Soleil et frôlant à trois reprises la Terre et une fois Mars pour accélérer sa course.
A plus de 400 millions de km de notre planète, entre Jupiter et Mars, la sonde s'est positionnée mercredi à 100 km de la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Baptisée "Tchouri" par certains scientifiques, la comète file dans le vide spatial à quelque 55'000 km/h.
Si tout se passe comme prévu, Rosetta ne lâchera plus d'une semelle la comète, s'en rapprochant inexorablement et l'escortant dans sa course vers le Soleil, dont elle passera au plus près en août 2015.
Equipée de 11 instruments scientifiques (caméras, spectromètres ou encore analyseurs de poussière et de particules), Rosetta va étudier sous toutes les coutures la comète.
Et en novembre, elle tentera un autre tour de force spatial et scientifique: larguer sur la comète son robot-laboratoire Philae, grand comme un réfrigérateur et lui aussi bardé de capteurs.
Les comètes sont considérées comme des témoins de la matière primitive à partir de laquelle s'est constitué le système solaire, il y a 4,6 milliards d'années.
Rosetta va encore se rapprocher de Tchouri, glanant au fur et à mesure de ses observations des informations sur la forme, la masse et l'intensité du champ gravitationnel du noyau.
Autant d'éléments indispensables pour établir les meilleurs sites possibles pour le largage de son passager VIP, Philae, un robot laboratoire qui poursuivra les investigations sur le terrain.
En fonction de l'activité de la comète, Rosetta devrait s'approcher jusqu'à 10 km de la surface du noyau, et même encore plus près (2 à 3 km seulement) en novembre pour larguer Philae, lui-même équipé de dix autres instruments.
L'espérance de vie de Philae sur le noyau de la comète est limitée, de 4 à 6 mois. Mais Rosetta continuera elle d'escorter la comète encore au-delà.
Rosetta emporte de la technologie suisse: un éventail d'instruments a été développé sous l'égide de l'Université de Berne. Plusieurs entreprises suisses, notamment RUAG, et le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA) ont participé à leur construction.
L'engin est doté d'un spectromètre de masse nommé "Rosina" fabriqué en Suisse. Il servira à effectuer des analyses chimiques des gaz et des poussières de la queue de la comète: les premières mesures devraient pouvoir être effectuées d'ici la mi-août, selon les responsables de "Rosina" basés à l'Université de Berne.