Le Premier ministre suédois de centre-gauche Stefan Lofven a annoncé un accord avec l'opposition et l'abandon des élections législatives anticipées du 22 mars convoquées sous la pression des Démocrates suédois. Ce scrutin avait été programmé après le rejet du projet de budget présenté par son gouvernement au parlement.
"Cet accord montre que la Suède peut être gouvernée même dans une situation parlementaire difficile", a déclaré Stefan Lofven, affirmant avoir trouvé un accord avec l'opposition qui permettrait à la coalition minoritaire formée des sociaux-démocrates et des Verts de se maintenir au pouvoir. Cette solution met de facto sur la touche le parti anti-immigration des Démocrates suédois, placé depuis le dernier scrutin de septembre en position de faiseur de roi.
M. Lofven avait annoncé la tenue d'élections législatives anticipées lorsque le projet de budget présenté par le gouvernement minoritaire qu'il dirige avait été rejeté au parlement début décembre.
L'accord entre le Parti social-démocrate du chef du gouvernement, les Verts, membres de la coalition, et les partis d'opposition de centre-droit de l'Alliance (les Modérés, le Parti du centre, les libéraux et les chrétiens-démocrates), prévoit que le Premier ministre devra appliquer le budget de l'opposition voté au parlement, avec la possibilité toutefois de le modifier au printemps.
L'Alliance s'abstiendra et ne votera pas contre les budgets du gouvernement, selon l'accord qui vaut jusqu'en 2022. Les deux parties ont également conclu de se coordonner sur les politiques de retraite, de défense et sur l'énergie.
Pour la dirigeante du parti de centre-droit les Modérés, l'accord reflète l'opinion publique. "Cela signifie que la Suède peut être gouvernée par les parties qui ont le plus gros soutien parmi les électeurs", a commenté Anna Kinberg Batra.
Afin de marquer leur mécontentement face à la nouvelle situation, les Démocrates suédois ont annoncé qu'ils allaient déposer une motion de défiance, mais celle-ci ne devrait très probablement recueillir que les voix de leurs 49 députés.
"Nous n'avons aucune confiance en Lofven en tant que Premier ministre", a indiqué à la télévision publique SVT le président par intérim des Démocrates suédois, Mattias Karlsson.
Pour un commentateur de la radio publique SR, Fredrik Furtenbach, "leur pouvoir va diminuer, ils ne pourront plus (...) être à l'origine d'une crise gouvernementale. Avec cet accord, ils perdent de l'influence". D'autant que les questions liées à l'immigration et à l'intégration sont exclues de l'accord conclu samedi.
La Suède n'a pas tenu d'élections anticipées depuis 1958, mais la montée en puissance des Démocrates suédois a mené à une impasse parlementaire ces derniers mois.
Ce parti, troisième formation politique du pays après les élections générales de septembre et qui plaide pour une baisse de 90 % des demandeurs d'asile, avait annoncé vouloir faire des élections anticipées qu'ils avaient contribué à déclencher via un référendum sur la politique d'immigration suédoise.
Selon des sondages réalisés mi-décembre, la coalition gouvernementale séduit 43,3 % des sondés, tandis que les Démocrates suédois jouissent d'une popularité en forte progression à 16 % des intentions de vote, soit près de 4 points de plus en un mois.