L'offensive judiciaire contre Bernard Tapie se poursuit avec l'ouverture d'une information judiciaire pour fraude fiscale, a-t-on appris de source judiciaire. La justice soupçonne l'homme d'affaires de chercher à organiser son insolvabilité.
La justice soupçonne l'homme d'affaires, dont la plupart des biens ont été saisis dans l'enquête sur l'arbitrage controversé de son litige avec le Crédit Lyonnais sur la revente d'Adidas, de chercher à organiser son insolvabilité en minorant ses résultats ou en transférant des fonds.
Un virement de 1,8 million d'euros (2,2 millions de francs) que Bernard Tapie tentait de transférer vers Hong Kong a été ainsi saisi par la justice le 25 juillet, selon une source judiciaire. L'homme d'affaires a alors assuré que cet argent était destiné à payer le personnel de ses filiales à l'étranger.
Recours rejeté
Le tribunal administratif de Paris a rejeté début août un recours de M. Tapie et de son épouse qui réclamaient en référé l'annulation de 15 millions d'euros d'arriérés d'impôts que l'administration fiscale leur réclame.
L'instruction pour fraude fiscale fait suite à une plainte du ministère des Finances, selon Le Monde.fr. Après avoir déposé plusieurs recours contre l'arbitrage, l'Etat a décidé au début du mois d'attaquer l'homme d'affaires au civil pour "faute" dans ce dossier.
Sont également visés son avocat Maurice Lantourne et l'arbitre Pierre Estoup. Les trois hommes sont déjà mis en examen dans la procédure pénale pour "escroquerie en bande organisée".
Contre-attaque de Tapie
L'Etat, le Consortium de réalisation (CDR) et l'Etablissement public de financement et de restructuration (EPFR), deux structures chargées de gérer le passif du Crédit Lyonnais, veulent ainsi récupérer l'argent de la sentence arbitrale prononcée en 2008 en faveur de l'homme d'affaires, soit 403 millions d'euros.
M. Tapie, qui maintient avoir été victime d'une escroquerie de la part du Crédit Lyonnais, organise de son côté sa contre-attaque. Ses défenseurs ont récemment déclaré que les demandes cumulées de l'Etat se portaient à 1,6 milliard d'euros, dénonçant des "demandes contradictoires entre elles" et qui s'affaiblissent mutuellement".