La police soudanaise a entrepris vendredi de disperser à coups de gaz lacrymogènes des milliers de manifestants qui défilaient à Khartoum et ses environs. Ceci au cinquième jour d'une vague de protestations contre la levée de subventions aux carburants qui a fait des dizaines de morts.
A Omdurman, ville jumelle de Khartoum, les quelque 2000 manifestants qui criaient sur la principale artère "À bas le pouvoir de l'armée" ou "Non à la hausse des prix", tentaient de se protéger des gaz.
Aux premiers tirs de grenades lacrymogènes, les manifestants ont répondu: "Notre marche est pacifique" et certains ont déployé un drapeau géant du Soudan et entonné l'hymne national. D'autres ont mis le feu à des pneus aux intersections de la principale artère.
Auparavant, les forces de sécurité avaient dispersé à coups de gaz lacrymogènes de petites manifestations qui s'étaient formées à l'issue de la prière du vendredi dans plusieurs ruelles de cette même ville. Après avoir fui les assauts de la police, ces manifestants se sont joints à la grande marche sur l'avenue principale.
Manifestants tenaces
La police a également tiré des grenades lacrymogènes à Khartoum Bahri, au nord de la capitale, et dans les parties sud et est de la ville, pour tenter de disperser des défilés similaires, réunissant chacun plusieurs milliers de personnes, ont indiqué des témoins.
Malgré ces tirs, la plupart des manifestants sont restés dans la rue en continuant à chanter des slogans contre le pouvoir, selon ces mêmes témoins.
A Wad Madani, ville au sud de Khartoum où avait débuté lundi le mouvement de protestation, de petites manifestations dans quatre quartiers ont été dispersées par les policiers, selon des habitants.
Des policiers et des soldats étaient déployés en force dans la capitale et ses environs en prévision de ces manifestations, auxquelles ont appelé Sadek al-Mahdi, figure de proue de l'opposition, ainsi que des militants réclamant le départ du président Omar el-Béchir.