Les nouvelles autorités égyptiennes semblaient dimanche revenir sur le choix annoncé la veille de Mohamed ElBaradei comme Premier ministre, pour ne pas s'aliéner les salafistes. Partisans et opposants du président islamiste déchu Mohamed Morsi se mobilisaient dans la rue.
Le choix de M. ElBaradei, annoncé par l'agence officielle MENA et plusieurs sources politiques et militaires, s'est finalement heurté aux réserves du parti salafiste al-Nour, partenaire islamiste d'une coalition principalement constituée de mouvements laïques.
Après avoir convoqué la presse pour une annonce samedi soir, le président par intérim Adly Mansour, nommé par les militaires après la destitution mercredi de M. Morsi, a fini par faire savoir qu'il n'avait pas pris de décision même si le choix de M. ElBaradei semblait "le plus logique".
"On ne peut pas parler de réconciliation nationale et ensuite nommer l'opposant le plus virulent de M. Morsi Premier ministre", a déclaré à l'AFP un haut responsable d'al-Nour, Nader Baqqar.
Lourde mission
Un proche de M. ElBaradei a confié craindre qu'une telle nomination ne "pousse les salafistes dans les bras" des Frères musulmans, alors que ceux-ci poursuivent leur bras de fer contre l'armée et appelaient à de nouveaux rassemblements dimanche, décrété jour de mobilisation générale par les anti-Morsi.
Quel qu'il soit, le prochain chef de gouvernement aura une lourde mission. Il héritera d'un pays au bord de la banqueroute. M. Mansour a toutefois tendu la main aux Frères musulmans en annonçant qu'ils seraient autorisés à participer aux prochaines élections.
Flambée de violences
Dimanche, les anti-Morsi se sont rassemblés comme à leur habitude sur la place Tahrir, dans le centre, tandis que le camp de l'ancien président occupe notamment les abords de l'Université du Caire.
La flambée de violences en Egypte a déjà fait 37 tués depuis vendredi, dont plusieurs policiers et un militaire dans le Sinaï. Depuis leur début le 26 juin, les heurts ont fait plus de 80 tués dans le pays.