La Russie va réduire d'un tiers le tarif de ses livraisons de gaz à l'Ukraine et acquérir pour 15 milliards de dollars (13,3 milliards de francs) d'obligations émises par Kiev. Le pays semble ainsi récompenser Viktor Ianoukovitch pour son refus de signer un accord d'association avec l'UE.
Aujourd'hui facturé 400 dollars environ les 1000 mètres cubes, le gaz russe passera à 268,5 dollars à compter du mois de janvier, a annoncé le président russe Vladimir Poutine après avoir reçu son homologue au Kremlin. Les difficultés financières de l'Ukraine sont telles que le pays issu de l'éclatement de l'Union soviétique redoutait de ne pouvoir régler ses factures énergétiques cet hiver.
De même, la Russie va apporter un bol d'oxygène aux finances publiques de son voisin en achetant pour 15 milliards de dollars d'emprunts ukrainiens étalés sur cette année et l'an prochain. Le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, a précisé que ce programme d'achats d'obligations serait financé par le Fonds souverain.
La Russie a par ailleurs décidé de reprendre ses livraisons de pétrole à la raffinerie d'Odessa. Celle-ci a été rouverte en octobre après trois ans d'arrêt, selon des traders intervenant sur le marché des matières premières.
Les Etats-Unis ont estimé que l'accord ne suffirait pas à satisfaire les revendications des manifestants de l'opposition, qui a réuni mardi jusqu'à 50'000 manifestants sur la place de l'Indépendance, dans le centre de Kiev. Les opposants estiment que Viktor Ianoukovitch n'a rien à faire à Moscou.
Devant la foule, l'ancien champion du monde de boxe Vitali Klitschko, l'un des chefs de file de la contestation, a accusé le chef de l'Etat d'avoir bradé les intérêts du pays. "Il a abandonné les intérêts nationaux de l'Ukraine, il a abandonné l'indépendance et la perspective d'une vie meilleure pour tous les Ukrainiens", a-t-il lancé.
Nombre des manifestants redoutent qu'en tournant le dos à l'UE, Viktor Ianoukovitch ne précipite l'Ukraine dans le giron russe. Ils craignent qu'il ne renvoie ainsi le pays à son passé soviétique, sous la férule des maîtres du Kremlin.
Vladimir Poutine a tenté de calmer le jeu en affirmant que l'aide apportée à l'Ukraine n'était "liée à aucune condition", à commencer par l'union douanière que Moscou a conclue avec la Biélorussie et le Kazakhstan. "Ne vous emballez pas : nous n'avons pas du tout discuté aujourd'hui de la question d'une adhésion de l'Ukraine à l'union douanière", a dit le président russe.