Le départ du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki constituerait "une part importante" de la solution à la crise politique en Irak, estime le porte-parole d'un influent religieux chiite. C'est la première fois qu'un dirigeant religieux chiite appuie ouvertement un départ du pouvoir de M. Maliki, lui-même d'obédience chiite.
Cette déclaration de cheikh Ali al-Najafi, porte-parole de son père, le grand ayatollah Bachir al-Najafi, apparaît aussi comme un signe supplémentaire de la volonté du clergé chiite, habituellement discret, de jouer un rôle plus actif dans les affaires de l'Irak.
La formation rapide d'un gouvernement d'union est vue comme une étape cruciale pour faire face à l'offensive fulgurante des insurgés sunnites, menés par les jihadistes de l'Etat islamique (EI), qui ont su exploiter les profondes divisions politiques.
Le départ de Maliki "est une partie de la solution. Une partie importante", a déclaré M. al-Najafi. "C'est le point de vue du marja al-Najafi", a-t-il-déclaré, en parlant de son père, l'un des quatre plus importants dirigeants religieux chiites, qui constituent la marjaïya.
Le grand ayatollah Ali Sistani, à la tête de la marjaïya, avait déjà appelé le 20 juin dernier, via son porte-parole, à la "formation d'un gouvernement efficace qui soit acceptable sur le (...) plan national (et qui) évite les erreurs du passé".
Cette déclaration n'était pas à proprement parler un appel au départ de M. Maliki, mais constituait une critique implicite du Premier ministre sortant. Nouri al-Maliki est accusé d'avoir accaparé le pouvoir et marginalisé la communauté sunnite (minoritaire), préparant le terrain à l'offensive des insurgés sunnites lancée le 9 juin.
"Désormais, la marjaïya voit un réel (...) danger pour l'Irak, (...) le pays pourrait s'effondrer en quelques heures ou quelques jours, et a besoin d'une position (commune) de la part de tout son peuple pour protéger l'unité du pays", a encore déclaré M. Najafi, qui s'exprimait dans la ville sainte de Najaf, à 150 km au sud de Bagdad.
Sur le terrain, les forces armées irakiennes ont dû battre en retraite après une nouvelle offensive lancée mardi contre Tikrit, ville à 160 km au nord de Bagdad, où les rebelles islamistes opposent une forte résistance.