L'ancien président des Croates de Bosnie Jadranko Prlic a été condamné mercredi à 25 ans de prison. Il est reconnu coupable d'avoir forcé le transfert de population musulmane en Bosnie et d'avoir répandu la terreur parmi la population.
"La chambre à l'unanimité vous déclare coupable", a déclaré le juge Jean-Claude Antonetti du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
M. Prlic était poursuivi pour pour avoir créé et participé, entre 1991 et 1994, à une entreprise criminelle commune "en vue de soumettre politiquement et militairement les Musulmans de Bosnie et autres non-Croates" en Herceg-Bosna, entité croate unilatéralement proclamée dans le sud-ouest de la Bosnie-Herzégovine.
"Grande Croatie"
"Dès décembre 1991, les dirigeants de la Communauté croate d'Herceg-Bosna et des dirigeants de la Croatie (dont Franjo Tudjman -défunt président de la Croatie, ndlr) estimaient que pour réaliser l'objectif ultime, à savoir la mise en place d'une entité croate (...), il était nécessaire de modifier la composition ethnique des territoires revendiqués", a ajouté le juge Antonetti.
Pour atteindre ce but d'une "grande Croatie", Jadranko Prlic et ses 5 co-accusés ont eu recours à des meurtres, des viols, des transferts forcés et des expulsions, des destructions de biens civils pour effectuer ce "nettoyage ethnique", selon le juge.
Impassible
Jadranko Prlic a écouté le jugement de manière impassible. Ses cinq autres co-accusés, également haut responsables militaires et politiques croates de Bosnie, ont également été condamnés à des peines allant de 10 à 20 ans de prison.
M. Prlic "avait un pouvoir sur les centres de détention", notamment celui de les ouvrir et de les fermer, a souligné le juge. Celui-ci a rappelé les conditions de vie "particulièrement difficiles" et les "graves sévices" subis par les détenus.
Tortures physiques
En plus des tortures physiques comme des électrocutions ou les brûlures de cigarette, les détenus "qui ne mangeaient pas suffisamment rapidement devaient s'allonger sur l'asphalte brûlant et se rouler par terre sans chemise", a également affirmé M. Antonetti lors de la lecture du résumé du jugement.
La guerre de Bosnie a coûté la vie à quelque 200'000 personnes. Elle a essentiellement opposé les Musulmans aux Serbes, mais Croates et Musulmans se sont également combattus.