Le procès de neuf prévenus dans l'affaire Skander Vogt s'est ouvert lundi matin à Renens. Un premier surveillant a été entendu dans la matinée. En sept ans, il a affirmé n'avoir jamais vu Skander Vogt dans un état comme celui de la nuit du drame.
Premier prévenu à avoir eu des contacts avec Skander Vogt le soir où le détenu a bouté le feu à sa cellule, le surveillant a souligné qu"'il ne l'avait jamais vu comme ça, alors qu'il le côtoyait presque quotidiennement. Il criait alors que d'habitude il était plutôt ironique".
La conversation que le surveillant a eue par le biais de l'interphone avec M. Vogt, qui réclamait sa radio et ses gants, a été "effrayante et pénible. Les propos du détenu sont montés en puissance", a-t-il expliqué.
Constatant que Skander Vogt était déjà "haut dans les tours", le gardien a alors demandé au centraliste, son sous-chef, de rester pour voir l'évolution de la situation. En raison de sa position hiérarchique, il lui semblait qu'il serait plus à même de calmer la situation, a-t-il relevé.
"C'est la première fois que je demandais à mon sous-chef de rester. Il m'a répondu que ce n'était pas nécessaire, car Skander Vogt avait été énervé toute la journée. Le sous-chef a précisé qu'il était de piquet et atteignable en cas de besoin".
Avant d'entendre ce premier prévenu, la présidente du Tribunal de la Broye et du Nord vaudois a lu l'acte d'accusation d'une vingtaine de pages devant les neuf prévenus et leurs avocats. La plaignante, Senda Vogt, la soeur de Skander, était également présente, accompagnée de ses deux avocats .
Le drame remonte à la nuit du 10 au 11 mars 2010. Peu avant 00h50, Skander Vogt, 30 ans, met le feu au matelas de sa cellule après des mots avec les gardiens. Considéré comme dangereux, il ne sera pas extrait des fumées mortelles par le personnel qui veut attendre le DARD (détachement spécial) de la police cantonale. A 03h00, il est déclaré mort.
Condamné à 20 mois de prison en janvier 2001 pour voies de fait, Skander Vogt a vu sa peine commuée en internement. Il ne supporte pas ce statut et s'était retranché une trentaine d'heures en 2008 sur le toit de la prison afin de dénoncer son calvaire.
Classée par la justice vaudoise, l'affaire passe en jugement après l'acceptation du recours de Senda Vogt, soeur de Skander, par le Tribunal fédéral. La défense des accusés (personnel pénitentiaire et sanitaire) plaidera elle l'acquittement.
Rien de pénal ne peut être retenu dans cette affaire, selon les avocats. L'acte d'accusation a retenu l'homicide par négligence, l'exposition et l'omission de prêter secours.