Des mesures ont été prises dans les seize hôpitaux suisses pratiquant des opérations à coeur ouvert suite à des infections ayant évolué en maladie des années après l'intervention. Ces cas sont probablement liés à l’utilisation d'appareils contaminés par une bactérie. Six patients opérés entre 2008 et 2012 ont été touchés, dont deux sont décédés.
Une quarantaine de personnes au total sont susceptibles d'avoir été infectées, ont indiqué l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et l'Institut suisse des produits thérapeutiques Swissmedic.
L'OFSP recommande aux patients ayant reçu un implant cardiaque - valve artificielle ou autre - et qui s'inquiètent de consulter un spécialiste du coeur. Ces infections sont en effet détectables par un cardiologue dans le cadre d'un contrôle de routine. Une ligne d'assistance téléphonique a également été mise en place (031/322 21 00/de 8h à 18h).
La bactérie en cause, Mycobacterium chimaera, est omniprésente dans la nature et donc dans l'eau potable. En principe inoffensive, elle peut toutefois, dans des circonstances particulières en salle d'opération, provoquer une infection susceptible de se développer en maladie grave un à deux ans plus tard.
On suspecte que les infections ont été causées lors de l’utilisation d'appareils d'hypothermie servant à réguler la température sanguine au cours des opérations à coeur ouvert. Ces appareils fonctionnent avec de l'eau courante préalablement filtrée.
Les vérifications effectuées ont montré que les seize hôpitaux qui pratiquent des interventions de chirurgie cardiaque utilisent de tels appareils d’hypothermie. L'OFSP a informé les hôpitaux et tous les chirurgiens cardiaques qui y opèrent. Tous les appareils sont actuellement contrôlés et des mesures correctives appliquées par les fabricants et les hôpitaux.
A ce jour, Mycobacterium chimaera a été détecté dans trois hôpitaux; les résultats des investigations menées dans les autres établissements sont encore en suspens, la mise en évidence des bactéries pouvant durer jusqu'à sept semaines.
C'est à l'hygiéniste et aux infectiologues de l'Hôpital universitaire de Zurich (USZ), ainsi qu’aux microbiologistes de l’Université de Zurich que revient le mérite d'avoir été les premiers en Suisse - et au niveau mondial, selon les connaissances actuelles - à identifier l'origine possible de ces infections.
L'USZ met à la disposition de toutes les instances concernées ses observations et expériences concernant les appareils impliqués. Désormais, ces derniers font l’objet d’un entretien spécial et sont depuis restés exempts de bactéries. Il ressort des investigations en cours que les appareils de différents fabricants sont concernés.
Swissmedic, en tant qu'autorité compétente dans la surveillance des dispositifs médicaux a également transmis des informations circonstanciées aux autorités de contrôle des pays européens.