L'ex-procureure Carla del Ponte a affirmé lundi à Genève qu'elle "voit très mal" une intervention militaire en Syrie. Selon elle, celle-co rendrait encore plus difficile une solution politique.
"Je vois très mal une intervention militaire, elle déboucherait seulement sur plus de victimes et plus de morts et rendrait encore plus difficile une solution politique", a affirmé la Tessinoise, invitée du Club suisse de la presse.
"La négociation est la seule solution possible pour les Syriens. Je souhaite que très tôt, parce que c'est déjà trop tard, on arrive à négocier", a ajouté l'ex-procureure du Tribunal pénal international sur l'ex-Yougoslavie.
Comme membre de la commission d'enquête sur la Syrie, Mme del Ponte a affirmé que "pour le moment cette commission est surtout un alibi pour la communauté internationale qui ne fait rien".
Crimes commis par les deux camps
"C'est une longue liste de crimes incroyables qui s'ajoutent chaque jour", a-t-elle dit. Elle a souligné que ces crimes sont commis par les deux camps.
"Il n'y a pas les bons et les méchants, tous sont mauvais. Les forces gouvernementales et les rebelles commettent des crimes aussi graves et incroyables", a affirmé la Tessinoise.
"Je n'ai pas vu de tels actes de torture même dans le conflit des Balkans", a déclaré Carla del Ponte. "Des enfants de 15 ans sont recrutés et victimes de la guerre", a-t-elle ajouté.
Elle a confié sa "frustration": le matériel de la commission n'est toujours pas transmis par le Conseil de sécurité à la Cour pénale internationale (CPI), en raison du veto russe et chinois. Elle a indiqué par ailleurs que "la commission d'enquête est sur la bonne voie pour pouvoir entrer en Syrie".
La commission doit remettre un nouveau rapport au Conseil des droits de l'Homme. Depuis deux ans, elle n'a jamais reçu le feu vert de Damas pour enquêter directement en Syrie.