L'ancien conseiller d'Etat neuchâtelois Frédéric Hainard a comparu lundi devant la justice pour usurpation de fonction, abus d'autorité et faux dans les titres. L'audience s'est déroulée dans un climat tendu avec des versions inconciliables. Le verdict sera rendu vendredi.
Trois plaignants, dont une mère, connue sous le nom d'Olivia, et sa fille, demandent réparation pour des opérations policières jugées abusives effectuées dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de fraude à l'aide sociale.
Absent au procès pour cause de maladie, le procureur a transmis par écrit son réquisitoire. Le représentant du Ministère public réclame une peine de 90 jours-amende avec sursis durant deux ans. Le montant est laissé à la libre appréciation du juge. La défense plaide elle devant le tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers l'acquittement.
Quatre ans après les faits, Frédéric Hainard n'a pas contesté avoir assisté aux auditions des plaignants. Mais il affirme y avoir pris part comme observateur et avoir agi correctement. A cette époque, il était à la tête du Département neuchâtelois de l'économie.
"Je n'ai fait que surveiller et contrôler le travail du Service de la surveillance et des relations du travail (SSRT)", a déclaré M.Hainard qui souligne n'avoir pas participé activement aux auditions. Pour les avocats des parties civiles, il a au contraire pris une part active dans l'interrogatoire d'Olivia et de sa fille en posant directement des questions.
Le prévenu a affirmé que d'autres conseillers d'Etat étaient aussi actifs sur le terrain, citant en particulier Jean Studer. Combatif, l'accusé a estimé que l'un des témoins avait menti. Les échanges entre Frédéric Hainard et l'avocat d'Olivia, Yves Grandjean, ont parfois été vifs et empreints d'inimitié.
Pour son avocat, Frédéric Hainard a agi dans le cadre de son mandat et n'a rien usurpé. L'ancien conseiller d'Etat était habilité à intervenir dans ses services et à venir sur le terrain pour voir comment se déroulaient les enquêtes. "Le volet politique est terminé depuis longtemps", a ajouté Ivan Zender. Yves Grandjean a au contraire affirmé que Frédéric Hainard était "dans le déni depuis le début de la procédure".