Erwin Sperisen a répété qu'il n'était pas un assassin, mardi, au dernier jour de son procès. "Je souhaite qu'il soit clair que je n'ai tué personne, ni ordonné la mort de personne", a déclaré devant le tribunal criminel de Genève l'ancien chef de la police du Guatemala, accusé d'avoir pris part à dix exécutions extrajudiciaires en 2005 et 2006, lorsqu'il était en fonction.
Binational helvético-guatémaltèque, le prévenu s'interroge encore aujourd'hui sur le bien-fondé de sa décision, en 2004, à l'âge de 34 ans, d'avoir accepté de prendre les rênes de la police nationale civile (PNC), une institution gangrenée par la corruption. "Je me demande s'il a valu la peine d'avoir voulu changer les choses en bien dans mon pays", a-t-il indiqué aux juges.
Erwin Sperisen a ensuite égrené les attentats dont il a réchappé alors qu'il dirigeait la police, les menaces qui ont pesé sur sa famille et ses problèmes de santé dus au stress. Aujourd'hui, "je me retrouve ici seul responsable de l'ensemble d'une structure, malgré le fait que la responsabilité était partagée" à la PNC.
"Je me suis fait des ennemis au sein de la police et en dehors de la police et j'en souffre encore actuellement", a souligné l'accusé, qui a tenu ses propos immédiatement après que ses deux avocats, Florian Baier et Giorgio Campa, eurent demandé aux juges de l'acquitter, au terme de près de cinq heures de plaidoiries.
Les deux défenseurs du prévenu ont tenté de convaincre le tribunal "de l'inanité des accusations" dont fait l'objet Erwin Sperisen. Selon eux, il n'y a aucun ordre, aucune photo, aucun enregistrement qui permettrait d'impliquer l'ancien chef de la police guatémaltèque dans la planification d'exécutions extrajudiciaires.
Pour les avocats de la défense, le témoin français qui a affirmé lors du procès avoir vu Erwin Sperisen abattre un détenu de la prison de Pavon, lors de la reprise en main, en 2006, par les forces de sécurité, de "cette citadelle du crime", est complètement discrédité par son passé de meurtrier.