Fécondation in vitro: le National refuse les "bébés sauveurs"

La Suisse n'autorisera pas les "bébés sauveurs". Comme le Conseil des Etats, le National a refusé d'autoriser la sélection d'embryons à même de faire par la suite un don de cellules souches à un frère ou une soeur atteint d'une maladie incurable. Cette décision s'inscrit dans la révision de la loi sur la procréation médicalement assistée.

La décision est tombée par 108 voix contre 79. Pour Christian Lohr (PDC/TG), il n'existe pas de droit à avoir un enfant sain. Le conseiller national, lui-même invalide, a contesté l'instrumentalisation d'une vie en devenir. "Pensons aux conséquences psychologiques pour cet enfant, conçu uniquement pour sauver son aîné", a-t-il lancé.

Et de fustiger une société normative qui ne veut plus laisser de places aux enfants trisomiques ou différents. Maya Graf (Verts/BL) a fait valoir des doutes éthiques, mais aussi médicaux. Le taux de réussite n'est pas très élevé, il faut recourir à de nombreux cycles de fécondation in vitro (FIV), selon elle.

Plutôt que de "bébé sauveur", "bébé-médicament" ou "bébé double espoir", Christoph Mörgeli (UDC/ZH) a parlé de "hangar à pièces de rechange". S'inquiétant des dérives eugéniques, le ministre de la santé Alain Berset a appelé à ne pas ouvrir la boîte de Pandore.

En Suisse, on estime qu'il y aurait eu tout au plus une dizaine de cas par année. La législation prévue était stricte et n'aurait autorisé le recours à la sélection d'embryons que lorsque "la vie d'un enfant malade ne pouvait être sauvée autrement".

Dépistage de la trisomie

Dans la foulée, la Chambre du peuple a accepté, par 170 voix contre 16, de modifier la constitution fédérale pour y introduire le droit au diagnostic préimplantatoire.

Dans ce contexte, le National veut autoriser le dépistage de la trisomie 21 dans le diagnostic préimplantatoire. Contrairement au Conseil des Etats, il a accepté d'élargir l'examen des aberrations chromosomiques.

A l'instar d'Alain Berset, une minorité a soulevé en vain la crainte des dérives eugéniques. La majorité a toutefois critiqué une position hypocrite. Aujourd'hui, le dépistage de la trisomie 21 est autorisé chez les femmes enceintes. Ainsi, nombre d'entre elles décident ensuite d'avorter.

Un examen avant la fécondation in vitro éviterait des "grossesses à l'essai" et bien des souffrances, a lancé Isabelle Chevalley (PVL/VD).

/ATS


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