Au Conseil national, l'initiative populaire de l'UDC "contre l'immigration de masse" ne trouve aucun soutien en dehors de son parti. Tous les groupes parlementaires s'y sont opposés jeudi matin, car elle remettrait en question les accords de libre circulation et serait préjudiciable à l'économie.
Même si son rejet par la Chambre du peuple ne fait aucun doute, le texte donne lieu à un débat fleuve qui se poursuivra dans l'après-midi, avec pas moins de 63 députés inscrits pour prendre la parole.
L'initiative vise à réintroduire des plafonds annuels à l'immigration ainsi que des contingents pour les autorisations de séjours en Suisse. Ces limites s'appliqueraient aussi aux frontaliers et aux requérants d'asile. Accepter le texte entraînerait une renégociation de l'accord de libre circulation des personnes avec l'Union européenne (UE).
Etre maître de l'immigration
Hans Fehr (UDC/ZH) a dénoncé une immigration incontrôlée. "A terme, cette situation est ingérable", a-t-il dit, en rappelant que l'excédent annuel est de quelque 80'000 personnes, soit l'équivalent de la ville de St-Gall.
Selon M. Fehr, l'immigration excessive entraîne une hausse vertigineuse des loyers, des trains bondés, des routes engorgées, une hausse de la consommation d'énergie et une augmentation de la criminalité dans le cadre de l'accord de Schengen.
Libre circulation positive
Le texte de l'UDC a subi un feu nourri de la part des autres partis. Ils ont notamment souligné que les accords bilatéraux et la libre circulation sont positifs pour la Suisse et de nombreux secteurs économiques.
Pour les Verts, les problèmes soulevés par les initiants sont certes renforcés par l'immigration. Selon eux toutefois, la meilleure solution réside dans les mesures d'accompagnement, comprenant par exemple des salaires minimums. Un avis partagé par les socialistes.
"On n'est plus en 1291 !"
"On n'est plus en 1291 !", a lancé pour sa part Alain Ribaux (PLR/NE). Faire croire que la Suisse peut gérer l'immigration de manière autonome est "vain, creux et passéiste".
"Comment laisser imaginer que l'UE, avec ses 500 millions d'habitants, a plus besoin de la Suisse que le contraire ?", a interrogé le Neuchâtelois. Marianne Streiff (PEV/BE), au nom du groupe PDC, a saisi la balle au bond: "L'UE ne sera pas prête à renégocier les accords bilatéraux. L'initiative est donc très risquée".
Martin Bäumle (PVL/ZH) a reconnu l'existence de certains problèmes. A l'instar des Verts, il estime que la politique de la croissance à tout prix doit être remise en question.