L'Office fédéral des migrations (ODM) a interrompu temporairement les renvois de Tamouls au Sri Lanka. Deux d'entre eux qui viennent d'être expédiés de Suisse ont été jetés en prison une fois dans leur pays, a expliqué Gaby Szöllösy, porte-parole de l'ODM, lors d'une interview sur les ondes de la RTS.
L'office tire la sonnette d'alarme. "Pour empêcher que d'autres personnes ne se retrouvent en danger", l'ODM a décidé de ne plus opérer de renvois au Sri Lanka au cours des semaines à venir, a déclaré lundi Gaby Szöllösy. "L'office informera les cantons à ce propos."
L'ambassade suisse à Colombo a été chargée d'observer ce qu'il advient des deux Tamouls. "Les renvois sont suspendus jusqu'à ce que l'on sache ce qui s'est passé", a souligné la porte-parole.
Engagement politique
En attendant, l'ODM va reprendre tous les dossiers des personnes provenant du Sri Lanka et destinées à être renvoyées, a-t-elle précisé à la radio alémanique SRF. Celles qui se sont exposées politiquement à l'étranger - donc en Suisse - courent un plus grand danger en cas de renvoi.
Selon les organisations défenseurs des droits de l'homme, l'un des deux Tamouls emprisonnés a vécu à St-Gall et a été déplacé en août avec sa femme et ses deux enfants. Le renvoi forcé de cette famille avait fait du bruit dans la région la semaine dernière.
L'interruption temporaire des renvois ne suffit pas aux défenseurs des droits de l'homme, qui demandent leur arrêt définitif étant donné la mauvaise situation sur le plan des droits de l'homme. Selon Patrick Walder, directeur de campagne chez Amnesty International, le régime du président Mahinda Rajapakse combat durement la moindre prétendue opposition.
40 ans de guerre civile
Si un tel accord venait à entrer en vigueur, plusieurs centaines de Tamouls seraient menacés de renvoi, a assuré M. Walder. Les transferts de Suisse au Sri Lanka ont repris depuis 2011. Jusqu'à fin juillet, 24 personnes ont été renvoyées et 129 ont rejoint leur pays librement.