Le rose calmerait les esprits. Sur la base de cette supposition, plusieurs pénitenciers en Suisse ont peint des cellules de cette couleur ces dernières années. Mais une étude réalisée au centre pénitenciaire de Pöschwies (ZH) remet en question son effet tranquillisant.
"Nous n'avons constaté pratiquement aucun effet dû aux cellules roses", a expliqué Thomas Noll, ancien responsable de l'exécution des peines à Pöschwies et actuel directeur du Centre suisse de formation pour le personnel pénitentiaire.
Si une influence est perceptible, elle n'est que très faible et ne justifie quasiment pas l'effort de repeindre une cellule, poursuit M. Noll. Pöschwies, un des plus grands pénitenciers de Suisse, dispose d'une seule cellule rose. Les gardiens y ont observé pendant un an et demi ses effets sur une soixantaine de détenus agressifs.
Une trentaine d'entre eux avaient droit à la chambre rose, les autres à des cellules standard. Le comportement des détenus a ensuite été comparé.
"Le degré d'excitation dans les deux groupes a été mesuré le premier et le 3e jour", explique Thomas Noll. Les protocoles d'observation n'ont pratiquement pas montré de différence, selon l'étude.
D'autres pénitenciers ont tenté l'expérience. Celui de Pfäffikon (ZH) a été le premier de Suisse à peindre une chambre en rose en 2006, Cham (ZG) vient d'en installer une. Au total, la Suisse alémanique en compte une vingtaine, contre une demi-douzaine pour la Suisse romande, comme à Orbe (VD) ou Neuchâtel.
La prison de Realta (GR) a jeté le pinceau et interrompu l'essai après deux ans: la chambre rose y a été repeinte l'an dernier en un gris-blanc neutre.