"La Confédération n'a pas un budget illimité. Et augmenter de nouveau fortement le prix des billets paraît difficile", rappelle le patron des CFF, Andreas Meyer. Dès lors, même si la sécurité est au centre des préoccupations, "nous devons fixer des priorités" en matière d'investissements.
Dans une interview accordée au "Matin Dimanche", le directeur de l'ex-régie répond aux interrogations sur la sécurité du rail qui découlent de la collision de lundi dernier à Granges-près-Marnand (VD). Et sur la nécessité de délier les cordons de la bourse afin d'éviter qu'un tel accident - qui a fait un mort et une trentaine de blessés - ne se reproduise.
"Sur les lignes principales, entre Genève et St-Gall ou Bâle et Chiasso, les signaux de parcours des trains dans les gares sont (déjà) entièrement sécurisés", note M. Meyer. "Si un tel accident se produit, le train est freiné automatiquement."
Petit à petit, les CFF équipent en effet les voies du pays d'un système moderne de surveillance de la vitesse des trains au bord des rails, baptisé ZUB. D'ici 2018, 1700 signaux supplémentaires seront installés, pour un investissement de 50 millions de francs qui "nous permettra de diviser par deux le facteur de risque sur les tronçons concernés".
Deux milliards nécessaires
Reste que la manne allouée par la Confédération, "qui trouve la sécurité suffisante", n'est pas infinie. Et que l'extension de l'offre et la maintenance des infrastructures entament elles aussi le budget des CFF. Dès lors, éviter les catastrophes de grande ampleur, sur les lignes où la masse de voyageurs et le trafic sont les plus importants, "c'est la priorité".
S'il avait carte blanche, Andreas Meyer accélérerait volontiers la mise en place du système ETCS2, qui constitue "le top en matière de sécurité". Quelques nouveaux tronçons, comme le Lötschberg et Mattstetten-Rothrist (entre Berne et Zurich) en sont déjà dotés. Mais "il faudrait 2 milliards pour équiper toute la Suisse d'ici 2035", avertit-il.