La Suisse ne prend pas assez au sérieux la lutte contre le trafic organisé de migrants. Faute de durcissement, elle restera une zone de repli pour les réseaux de passeurs et un Etat de destination ou de transit privilégié pour les étrangers en quête d'une meilleure vie. Fedpol dresse un bilan mitigé dans un rapport.
La Suisse est un pays important pour le trafic organisé de migrants, constate le Bureau de direction du Service de coordination contre la traite d'êtres humains et le trafic de migrants (SCOTT) dans le rapport. Elle est surtout touchée par les réseaux criminels de souche albanaise et de groupes originaires du Proche et du Moyen-Orient, mais aussi par des réseaux chinois africains et sri-lankais.
Les filières clandestines ont souvent un lien ethnique avec les migrants eux-mêmes. La plupart des intéressés arrivent en Suisse par l'une des routes traversant les Balkans, même si les itinéraires varient souvent pour échapper aux contrôles.
Les passeurs sont généralement organisés en réseaux informels composés de petits groupes flexibles et mobiles. Souvent, ils sont impliqués dans d'autres activités criminelles comme la traite d'êtres humains, le trafic de stupéfiants ou d'armes, les infractions contre le patrimoine, la corruption ou le blanchiment d'argent.
Malgré un renforcement des dispositions légales, les peines prononcées pour trafic de migrants restent très clémentes, admet le SCOTT. Pire encore, les condamnations sont extrêmement rares par rapport au nombre élevé des victimes de ce trafic, qui se retrouvent en grande partie dans les statistiques de l'asile.
En Suisse, la lutte contre le trafic de migrants présente encore de nombreuses lacunes et la coopération entre les différents intervenants est souvent complexe, relève le service de la police fédérale.
Les Etats européens dont la législation en matière d'étrangers est similaire à celle de la Suisse investissent bien davantage de moyens afin d'identifier les réseaux internationaux d'immigration clandestine et de les mettre hors d'état de nuire, estiment les spécialistes suisses.
Pour eux, il est essentiel de reconnaître les lacunes actuelles et de formuler des mesures d'amélioration. Et de plaider pour la nomination de spécialistes auprès de la police et de la justice, d'une meilleure formation et du transfert de certaines enquêtes à la police criminelle