Pas question de limiter à 0,2 % par an la croissance de la population suisse due aux migrations. Par 39 voix contre 1 (celle de Thomas Minder), le Conseil des Etats a recommandé mercredi le rejet de l'initiative "Halte à la surpopulation" de l'Association écologie et population (Ecopop). Une tentative d'invalider le texte a tourné court.
Au plénum, la possibilité de concocter un contre-projet à même de combattre le texte n'a même plus été évoquée. Certains conseillers aux Etats avaient pourtant caressé l'idée après l'acceptation de l'initiative de l'UDC contre l'immigration de masse le 9 février.
Le texte d'Ecopop va nettement plus loin, puisqu'il veut limiter la croissance de la population due à l'immigration à 0,2 % par an. Seuls quelque 16'000 étrangers pourraient s'établir en Suisse chaque année, alors qu'en 2013, la croissance a atteint 61'500 (3,4 %). Les initiants exigent par ailleurs que 10 % des fonds de l'aide au développement aillent au contrôle des naissances dans les pays pauvres.
Une minorité a essayé d'invalider l'initiative en raison de l'absence d'unité de matière entre les deux exigences.
Par 29 voix contre 11, la Chambre des cantons a reconnu la validité du texte. Les deux propositions évoquent un même principe, à savoir des mesures pour assurer un avenir plus durable à la planète, selon plusieurs orateurs.
La Chambre des cantons recommande toutefois au peuple de rejeter ce texte jugé excessif et trop rigide. Sous couvert de la préservation durable des ressources naturelles, il imposerait une réduction d'environ un tiers du nombre de migrants, sans égard pour les besoins de l'économie ni marge de manoeuvre pour les autorités, ainsi que la dénonciation de tous les accords internationaux contraires.
Seul l'indépendant schaffhousois Thomas Minder a salué ouvertement l'initiative, que son propre père a contribué à lancer. Le peuple suisse veut une réduction drastique de l'immigration, a-t-il assuré.
Pour lui, les autorités vont trouver un compromis plaisant à l'UE pour mettre en oeuvre l'initiative de l'UDC, mais qui ne réduira aucunement le nombre d'étrangers ni l'attrait exercé par la Suisse. Un plafond de 16'000 migrants est "largement suffisant".
Et pour Simonetta Sommaruga, l'initiative "Halte à la surpopulation - oui à la préservation durable des ressources naturelles" est trompeuse. Une réduction de la migration et des mesures contraceptives n'assureront nullement la durabilité, a affirmé la conseillère fédérale.
Et de soutenir un scrutin populaire rapide pour dissiper l'incertitude. Le projet d'application de l'initiative contre l'immigration de masse sera présenté en juin. Le National doit encore se prononcer.