Le Prix Courage 2013 récompense deux hommes et deux femmes qui, dans leur jeunesse, ont été placés de force ou victimes de mesures de contrainte. Ils avaient osé prendre la parole afin de faire connaître et reconnaître les abus subis par des milliers de personnes.
Le prix doté de 25'000 francs leur a été remis vendredi soir à Zurich par Pascale Bruderer, qui présidait le jury. "Grâce à leurs mots, ils ont aussi donné une voix aux victimes qui n'ont pas encore ou ne peuvent plus évoquer leur vécu", a déclaré la conseillère aux Etats argovienne, citée dans un communiqué.
Né en prison, le Zurichois Walter Emmisberger a été maltraité et enfermé par la famille dans laquelle il avait été placé. Le Genevois Jean-Louis Claude a lui d'abord été placé chez un paysan qui le maltraitait et ensuite dans un orphelinat où il a subi des violences sexuelles d'employés, de prêtres et du directeur.
Excuses officielles
La Zurichoise Ursula Biondi a été enfermée sans procès à la prison pour femmes d'Hindelbank (BE) à des fins d'"éducation". Tombée enceinte à 18 ans, Bernadette Gächter, du canton de St-Gall, a pour sa part été contrainte à avorter puis stérilisée de force. Selon les psychiatres, elle souffrait de troubles mentaux.
Au printemps dernier, les enfants placés de forces et les victimes de mesures de contrainte ont reçu les excuses officielles du Conseil fédéral. Une table ronde a été mise en place afin de faire la lumière sur ce chapitre sombre de l'histoire suisse et de parler de dédommagements.
Journaliste récompensé
Le prix du public, d'une valeur de 10'000 francs, a été remis au journaliste Kurt Marti. Dans le journal de gauche "Rote Anneliese", il a mis au jour plusieurs affaires de corruption et d'abus de pouvoir en Valais.
"Cela montre que les gens souhaitent un journalisme qui dénonce les dysfonctionnements et fait preuve de courage civil", a indiqué Andres Büchi, rédacteur en chef du "Beobachter", qui remet le prix depuis 1997.